Janvier/Février

Dimanche 1er janvier, 23h30
Derniers moments partagés avec la petite famille paternelle. Déception au restaurant Le Pique Assiette, plusieurs fois fréquentés : service lent et mets mal préparés. Les lauriers d’une fréquentation toujours abondante commencent à renifler la facilité. Bien dommage. Le maître d’œuvre du service, un grand gaillard convivial, a dû ressentir notre mécontentement croissant : après un début très présent, blagueur, il s’est effacé sans demander son reste.
Les demi-frères poussent. Alex tutoie la préadolescence et Raph égrène son âge de raison. Touchant d’observer les mimiques du grand petit absorbé par une bande dessinée, entraîné dans ses élans imaginatifs, catalysé par les jeux partagés avec son grand frère.
Le temps filant ne nous préserve en rien… le tournis nous enveloppe dès la conscience arrêtée sur le cumul des blocs de vie.
RAS côté actualité abandonnée pour ce premier jour.

Mardi 3 janvier

9h30. L’actualité maigre (selon le prisme médiatique) permet à un sondage d’occuper une belle place sur les ondes et dans les journaux : les Français placent feu Fanfan désagrégé à la tête du palmarès des plus grands présidents de la Cinquième, avec cinq points de mieux que le grand Charles ! Voilà du bouleversant. A quelques jours (le 8) de l’anniversaire des dix ans de sa disparition, voilà une victoire qui l’aurait comblé.

Vendredi 6 janvier, 22h50
Semaine dominée par la dégradation de santé d’Ariel Sharon. Cette figure controversée, mais transfigurée dans ses récents choix, est anéantie, en plein projet de sortie du conflit israélo-palestinien, par ses failles intérieures. Peut-être une chance de sang vraiment neuf et vierge de toute implication violente pour négocier avec l’interlocuteur fréquentable de l’autorité palestinienne. Peut-être, au contraire, le désastre d’une retombée dans l’incertitude, soupe adorée des extrémistes sanguinaires. Ne restera plus que Shimon Peres comme personnalité politique ayant accompagné toute l’histoire d’Israël, récente mais dense…

Dimanche 8 janvier
Fanfan Mité : dix ans déjà ! Voilà le titre de la page d’accueil de mon site Indignation. Suivent huit pages d’extraits de mon Journal qui donnent à l’anniversaire un goût de vitriol.
Hier, soirée à la brasserie des Brotteaux en compagnie d’Aline, de son compagnon Pedro et de leurs amis (trois couples et un célibataire) : ils nous annoncent leur mariage pour le premier avril (!) et la naissance d’un bébé la dernière quinzaine de juillet. Voilà du bouleversement de vie complété par l’installation à Lyon de la future maman.
Des couples sympathiques (en majorité d’origine italienne côté masculin) qui n’ont pas empêché ma perdition morose toute la seconde partie du repas. Causes diffuses possibles : le sujet appuyé du nourrisson à venir, le comportement bruyant, festif à l’italienne, d’un convive au demeurant agréable, ou le sentiment d’être à la marge dans ce trop-plein de complicité… trop confus pour une identification marquée.
Aline a tout de même fait part de ses regrets de quitter Paris, de devoir donner sa démission de son poste en or… une façon, devant témoins, de mettre la pression à l’adorable Pedro, toujours zen… Ma BB a semblé parfaitement détendu et à son aise.
Nous attendons le couple vers seize heures pour une épiphanie païenne : galette et cidre au programme.

Dimanche 22 janvier
Ce jour, quarante ans que les parents B ont uni leur destin devant les officiels. Hier nous fêtions cela au restaurant du château de Clermont dans la salle de Funès. Pour l’occasion nous chantons les quatre couplets rédigés lors du voyage en TGV (deux heures) sur l’air joyeux de La chasse aux papillons et intitulé L’onde émeraude en hommage à la couleur de leurs noces.
Bons moments des douze convives festoyant : Grâce et Albert sont remplacés (suite à l’opération de l’appendice de ce dernier) par de gentils voisins qui nous accueillent dans leur petit chalet édifié sous l’appellation « cabanon de bois » pour leurs grands garçons. En fait, tout le confort d’une petite habitation. Ce midi nous déjeunons chez l’amie de BB, Laure, et demain à l’aube retour à Lyon. Du séjour exprès qui donne un peu le tournis.
Ma BB est opérée de sa thyroïde défectueuse le 8 février, suivi d’un mois d’arrêt. Du factuel essentiel pour moi.

Jeudi 26 janvier
Le Conflit de 100 ans ?
Le « terrorisme démocratique » (selon l’excellent Yves Calvi) ou le « pragmatisme islamiste » selon la rectification d’un de ses invités ? Le Parlement palestinien accueille, en tout cas, les membres du Hamas à une majorité absolue. L’imbroglio politique qui s’annonce, tant pour la gestion des affaires intérieures que pour la posture internationale et la coexistence avec Israël, risque de dégénérer en nouvel enlisement. Ce conflit semble sur la bonne voie pour détrôner, dans la longévité, les luttes franco-anglaises des XIVe et XVe siècles ; quoi qu’il arrive, elle les a largement dépassées en intensité. A suivre donc…

Vendredi 3 février
A l’esplanade Albert Camus pour découvrir le spectacle Soul Music Story avec Bonny. Invité par Eddy, une grosse machine de spectacle qu’il va falloir rentabiliser. Ma BB, au labeur ce week-end, n’a pu m’accompagner. Pour une prochaine prestation… A voir la salle clairsemée, je doute de la rentabilisation. Dur, le spectacle, dans ces conditions. Le professionnalisme souffre du manque de notoriété.
Les intégristes islamistes déteignent sur les croyants lambda : nous imposer le bâillon sur tout sujet frôlant leur religion. Atteinte insupportable à la liberté d’expression qu’il faut vomir au plus vite. Les émules de la surenchère s’organisent pour provoquer le choc des cultures, l’écharpage entre religieux d’un côté, agnostiques et athées de l’autre… Une impasse au goût de tous les excès où s’abreuvent les jusqu’aux boutistes au Coran hérissé. La croisée des voies accentuera un peu plus l’antagonisme et justifiera toutes les violences.
Point d’écart en sus pour attiser la culbute programmée… juste la rage contre ces arriérés du culte. Incapacité de ces dévots de la terreur à englober la complexité du spirituel multiforme chez l’humain.
La virevolte sur scène a dépassé les espérances. Une symbiose musicale s’ouvrant au fil des tableaux rythmés, les spectateurs n’osant peut-être pas suffisamment exploser l’ambiance sans retenue. Musiciens habiles, voix aux timbres envoûtants, costumes en cascade… du grand spectacle d’une troupe qui se doit d’atteindre la notoriété.
Etre plongé dans les prémices d’une aventure créatrice laisse présupposer l’amplitude de la cohorte des artistes anonymes. L’émergence dans l’enthousiasme n’occulte pas la mise au point heurtée dans les coulisses, les humeurs à concilier les concessions pour une progression.
Restent présentes les familles des artistes. Moi je fais le témoin incongru qui glane au gré du brouhaha ambiant. Pitrerie de ma posture, mais je m’efface pour mieux croquer.
Au loin, entraperçu la fille de Bonny, qui pousse toujours ; petite marque d’affection de la mère d’Eddy qui se souvenait de ma présence au Clos du chêne ; quelques regards croisés avec tel ou tel visage familier… A noter : aucune dérive bougonne dans mon isolement de fait. Un exploit de caractère…
La capacité humaine aux bavardages me sidère. Je tente de rester alerte par l’écriture, mais je me tarirais rapidement embarqué dans un échange de ce genre, sauf en phase de séduction… Hors sujet ici. Les visages s’éclipsent peu à peu alors que mes dérives s’ankylosent.

Dimanche 5 février, 23h05
Cette semaine, mercredi exactement, ma BB va « se faire trancher la gorge » comme elle aime à l’ironiser : opération pour lui retirer sa thyroïde, en tout ou partie selon ce que révèlera l’analyse au moment de l’intervention. Malgré la banalité du cas, je garde une petite inquiétude. Un passage à l’hôpital n’est jamais anodin et peut très vite basculer dans le dramatique. N’attisons pas trop l’angoisse tout de même.

Réactions caricaturales !
Alors que notre hexagone va mollement, et très partiellement, s’agiter contre le CPE, la mayonnaise des intégristes islamistes élargit ses emprises avec les dessins de presse danois stigmatisés.
Que ce monde des religions en étendards de braillards haineux m’insupporte. Qu’il faudrait se montrer impitoyable avec ces dangereux agités. Notre mollesse humaniste nous perdra. Ces ennemis de notre civilisation ne méritent aucun égard : les écraser au moment où ils se foutent le cul en l’air, voilà la seule politique étrangère qui doit nourrir notre relation à ces contrées. Terminé la tolérance de ces potes complices du pire.
A-t-on jamais vu ces musulmans se mobiliser avec pareille passion pour hurler leur dégoût, leur exécration, leur haine de ceux qui utilisent les voies terroristes en se réclamant de l’Islam ? Le blasphème suprême n’est-il pas là plutôt que dans une dénonciation humoristique de ces dérives sanguinaires ? Si ce n’est pas la démonstration de l’infinie connerie humaine, notamment des brebis hideuses d’Allah, de Mahomet et toute la troupe divinement imaginée, alors il ne reste plus qu’à chier un bon coup sur ces nuisibles et à se torcher avec leurs textes sacrés… nom de dieu !

Samedi 11 février, Minuit trente

Les borborygmes de Burgaud
Alors que nos consciences allaient s’émouvoir de l’effondrement apocalyptique du WTC, l’année 2001 voyait naître une affaire qui, quelques années plus tard, s’imposerait comme un onze septembre judiciaire, un « désastre » qui pousserait enfin à l’avant-scène accusatrice la si intouchable institution judiciaire.
Le point d’orgue de cette catharsis à vocation réformatrice qu’est la Commission d’enquête parlementaire, s’incarne dans les quelque sept heures d’audition monocorde du repoussant Burgaud. Ce petit juge d’instruction, c’est d’abord un physique maladif pour l’occasion : pâleur extrême, voûté et bras croisés durant sa défense, une tête juvénile mais aigrie par la hargne rentrée. C’est ensuite une voix et d’insupportables bruits de salive : aucune texture aimable, mécanique déshumanisée, désincarnation du timbre ; des interruptions constantes pour avaler sa salive et reprendre en hésitant son piètre discours. Une présence nauséeuse donc…
A cette forme qui entête et révulse s’ajoute une inanité argumentative qui s’accroît au fil des interrogations des parlementaires. Parti pris d’entrée de ne pas se remettre en cause, ou tellement à la marge que cela s’auto-neutralise : après quelques minutes, en amorce, de pseudo compassion pour les acquittés, de longues heures de logorrhée verbale hésitante, brouillonne, ou la technique ne parvient même plus à dissimuler la médiocrité humaine du personnage.
Bien sûr qu’il n’est pas seul en cause, et qu’avant tout c’est le système judiciaire qu’il faut révolutionner, mais cette source multifactorielle ne dédouane en rien le triste magistrat.
A le voir, pitoyable, ne pouvoir défendre son instruction qu’entre bredouillements et silences démunis, se réfugiant derrière de frêles antiennes (les faits « graves et concordants ») ou son exposé préalable (« comme je l’ai indiqué tout à l’heure »), on frémit en imaginant le calvaire des acquittés. Les justes remarques du rapporteur de la Commission auront dévoilé le grand vide de ce pâlot morbide qui persiste à soutenir ses malfaisances professionnelles.
Mais le Burgaud n’est pas une brebis galeuse : il est le parangon d’une cohorte déshumanisée servie par un système vicié. Pour exemple que l’ENM forme des techniciens du droit sans se soucier de leur bon sens éthique et de la présence de qualités humaines basiques : j’ai connu un actuel substitut de procureur (en marche normale vers le poste supérieur) qui, avant son serment, avait tenté de violer sa sœur, battait ses petites amies, trompait son monde, défendait le pire, arrogant et fielleux, et qui goûte aujourd’hui à l’enivrant pouvoir sur la liberté des gens…
Burgaud n’est pas seul, tremblez citoyens !

Samedi 18 février

Relents judiciaires
Il fallait s’en douter, le gratin judiciaire monte sur ses ergots jugeant que l’ouaille Burgaud a été mal traitée par nos parlementaires. Le magistrat instructeur a justifié une bonne part de ses inconséquences professionnelles par sa scabreuse et intime conviction « d’indices graves et concordants », selon la formule consacrée devenue légitimation automatique de monomanies opportunistes ; le Conseil supérieur de la magistrature met lui en devanture la sacro-sainte séparation des pouvoirs, quitte à crotter l’esprit de Montesquieu.
Vieille dérive pavlovienne des détenteurs de notre liberté : lorsqu’un membre de leur corps s’illustre par l’exercice aberré de ses responsabilités, on le mute avec une ‘tite promotion d’usage. Pour noyer le poisson : le prendre à revers de toute logique élémentaire. Pour les pires, le CSM daigne s’occuper de leur cas, mais en veillant à ce qu’aucun autre corps constitué n’empiète sur ses pouvoirs. Voilà un cloisonnement qui sert la maison Justice puisqu’elle juge elle-même ses brebis dévoyées comme ses pourritures manifestes.
L’administration, jusqu’à la fin du XIXe siècle, a également bénéficié du délire révolutionnaire en jugeant elle-même les différends avec les administrés. Cela a fini par choquer, et nous avons établi une indépendance de jugement avec les juridictions administratives. Le temps de la séparation de ceux qui sanctionnent des magistrats fautifs n’est-il pas arrivé ?
Que reproche-t-on à Philippe Houillon, le rapporteur de la Commission parlementaire ? D’avoir poussé dans ses contradictions l’imprécis et balbutiant Burgaud ? Il fallait donc gober toutes ses incohérences, digérer en les magnifiant ses manifestes inaptitudes, ne jamais mettre en exergue les erreurs criminelles (cela a conduit à de la prison préventive injustifiée et a, indirectement, provoqué deux décès) de sa démarche… En somme, dénaturer une mission d’enquête en saponifiante complaisance pour ne surtout pas brusquer l’infecte ouaille.
Que tous ces magistrats cogitent un moment au scandale absolu, insoutenable, qu’aurait représenté la mollesse parlementaire envers Burgaud, Lecygne and Cie après l’audition des acquittés. Qu’aurait souhaité le CSM ? Une collusion puante du politique et du judiciaire pour minimiser au maximum les dérives ? Comment faire autrement que pointer sans concession les fameux « indices graves et concordants » qui démontrent la pratique inquisitoriale et uniquement à charge d’un Burgaud persuadé, à vingt-neuf ans, d’avoir l’affaire de sa carrière ?! Ce désastre tient d’abord - à bas les œillères ! – à une sordide ambition d’un petit juge tout frais sorti de l’école, prêt à détourner à son profit les règles de l’instruction : c’est cela et avant tout cela ! Le « mythe de la pédophilie » clamé par le procureur (quel révisionnisme indigne d’une réalité sociale pour dédouaner le système judiciaire !) s’effondre immédiatement lorsqu’on jauge la démarche de Burgaud, mais ça, l’institution à la balance vacillante ne veut pas l’entendre, comme elle refuse de purger ses conduites malodorantes.
Gare au gorille…

Lundi 20 février, 0h20
Vendredi vers dix-huit heures, papa fait un petit accident vasculaire qui lui fait perdre brièvement conscience et le prive de l’expression orale. Il a passé le week-end à l’hôpital Lariboisière pour quelques analyses approfondies, jusqu’à un IRM qui révèlera la rupture d’une petite artère située au-dessus de l’arcade et qui alimente une toute petite partie du cerveau.
Eu au téléphone, la voix semble claire, et son impatience à sortir des lieux rassure sur sa santé. Angoisse perceptible cependant (sa maman, à son âge, n’était déjà plus de ce monde) qui l’incline à remettre en exergue sa volonté d’arrêter de fumer. Combien de temps résistera cette urgence à pérenniser face au stress de sa vie professionnelle ? Espérons ad vitam…
Maman et Jean sont arrivés en début d’après-midi (ils n’étaient venus qu’une fois chez nous) et restent à Lyon jusqu’à mercredi matin.
Voilà du factuel affectif qu’il me fallait inscrire.
Ma ‘tite semaine de vacances, interrompue vendredi après-midi par une intervention à Forpro, va filer à grande vitesse : ne surtout pas laisser pour les derniers instants les corrections, rangements et préparations à accomplir. Voilà du bien basique qu’il faut assumer sur ces pages au contenu hétéroclite.

Mars

Mardi 7 mars
Des ondes bénéfiques sur Internet. L’idée hasardeuse de retrouver la trace de Cécile Marchand, copine de lycée qui avait illustré mes poèmes dans le journal Point Virgule, vient d’aboutir. Après dix-huit ans, je découvre le site qui présente ses peintures : des hippos colorés dans toutes les postures (La Cène, par exemple), et diverses compositions de la plus attractive facture. Un message envoyé à l’intéressée, à tout hasard (l’homonymie me semblait plus vraisemblable, bien que son année et son lieu de naissance correspondent à la recherche). Quelques heures plus tard, courriel qui me confirme son identité… et hier soir long échange sur MSN pour se résumer notre large tranche de vie respective et se laisser porter par l’émotion (surtout moi !). Artiste reconnue, décorée, qui vend à travers le monde… une vraie réussite qui m’emplit de bonheur. Nous devons nous retrouver sur le net pour de fructueux échanges… Fin mars, lors de notre passage à Paris pour le mariage d’Aline (une autre, du lycée Galilée, qui est arrivée au sommet de son domaine) nous la verrons sans doute. Quelles retrouvailles !

Jeudi 9 mars

Les Croisés pour l'enlisement... ces péteux !
Le son estudiantin gronderait-il sur le parvis des universités françaises ? Nouvelle démonstration d’une cohorte de petits vieux prématurés qui défilent pour l’emploi à vie. Non contents de jouer aux autruches en occultant les réalités économiques (j’entendais ce soir une représentante d’un syndicat d’étudiants réclamer l’embauche massive de l’Etat, pour approfondir nos déficits abyssaux : l’idéal !), ils affichent une conception démocratique qui s’apparente à l’intimidation syndicale pour ceux qui veulent suivre leurs cours, voire qui ne partagent pas leurs analyses. Invocations aux cieux d’une économie florissante pour un plein emploi… et interdiction au gouvernement de toute initiative.
Ces ribambelles gigotantes risquent d’avoir raison du CPE, outil de plus à la trappe, histoire de s’enfoncer un peu plus dans le bourbier.
Le peuple français qui gâche la construction européenne, les gesticulateurs immatures (et pas forcément majoritaires chez les jeunes générations) qui empêchent toute modernisation des moyens socio-économiques : autant j’aime ce pays pour sa terre et son histoire, autant sa population m’écoeure davantage le temps passant. Alors pourquoi s’ingénier à approfondir ?
Aux Etats-Unis, l’islamiste français Moussaoui disjoncte et prend méchamment le chemin d’une sentence mortelle. Une détermination al qaidienne qui révulse tout partisan de la civilisation, mais laisse songeur sur nos propres lâchetés ou nos accommodements avec le pire. Notre président tout guimauve avec les potentats du régime autocratique saoudien s’accroche bien à sa tradition. Saddam Hussein doit peut-être se souvenir de sa chaleureuse poignée de main, quelques décennies plus tôt, comme celles de la plupart des pays occidentaux proclamés Etats de droit. Les infâmes règnent !

Lundi 13 mars, 22h55
Petit écart vers ces pages avant la petite mort quotidienne. Vu, avec ma BB, le Faites entrer l’accusé sur Roberto Succo – Succo le fou : mise en scène prenante du destin de ce tueur froid, peut-être schizophrène, sûrement en rupture avec cet univers pesant, du familial étouffant, du scolaire sans accroche, pour finir dans le massacre éperdu de ses parents, terme définitif à tout espoir de normalité. Entre dégoût et fascination, on retrouve un peu de notre sombre face dans le déjanté Succo.
Les Croisés pour l'enlisement... ces péteux !
Quel gouffre avec la pression des étudiants qui craignent la précarité qu’engendrerait le CPE. Là, seule obsession : la petite, médiocre, mais si rassurante stabilité de l’emploi, rengaine éculée des trente glorieuses, mais colportée par quelques esprits malhonnêtes et opportunistes. Dès demain, le cirque gesticulatoire reprend, avec l’attente forcenée d’un retrait d’une loi votée (49-3 ou pas, l’article majeur avait été accepté par la majorité des députés), bafouant ainsi le principe de la démocratie représentative.

Mardi 14 mars, 23h10
Peu d’enclin pour former les tartuffes de l’option Essor. Des bruyants pour l’essentiel, sans aucun sens de l’effort, cons et incultes, conditionnés par leur environnement minable… un dégueulis de chiotte… voilà l’image qui me reste de ce groupe bréneux.
Je ne peux pourtant pas m’adonner au massacre libérateur, donc j’assume la garderie pour arriérés, gueulant de temps à autre. Un mépris fondamental pour ces gras de la vie, sauf quelques exceptions. Quels tristes pitres, les autres !
L’actualité n’a rien de plus galvanisant : des rots estudiantins aux coups de boutoir israéliens, rien pour enflammer l’âme.

Samedi 18 mars
Les Croisés pour l'enlisement... ces péteux !
Se défaire un peu des rogatons sociaux qui se perdent autour des tentatives de réforme. Aurais-je délaissé mon penchant aux défoulements contre l’Etat ?
Sans doute les doléances pour ne surtout rien tenter, vagir contre l’abysse croissant et se raidir à toute amorce de comblement m’inclinent à défendre un geste qui pourrait, au minimum, recevoir le bénéfice du doute.
Avec Bayrou, la mise à bas de notre Constitution s’érige en voie salutaire. Lors de son passage au Franc parler, le centriste affûté semblait faire jubiler le caustique Giesbert.
L’exécutif subit l’effet panurge d’un grondement social. Tenir et s’ouvrir, le fil du pouvoir exige le pire pour de Villepin : se renier par le truchement d’une rue braillarde toujours minoritaire, mais qui tonne le gong médiatique avec l’entrain éperdu d’un âge révolu. La France se cloître dans de suicidaires certitudes. Ainsi, croire que le bon Etat providence doit financer à flot pour contrer les infâmes entrepreneurs arqués, chevillés, empalés sur l’appel du pire : le dévoiement systématique des outils sociaux proposés. Le CPE aurait comme seule raison d’être l’irrésistible congédiement du malheureux, de l’esclavagivisé salarié dans les 730 jours suivant son embauche. Certitude assénée par les Croisés pour l’Enlisement (amuseurs publics, au demeurant, pour leur détournement de l’abréviation vilipendée) que de considérer le gueux qui traîne, exploité a priori, formé accessoirement, comme la victime d’une salauderie patronale. Les relents prolétariens s’excitent devant tant de gorges capitalistes à trancher… Les archaïques s’ébrouent et empuantissent notre air !

Vendredi 24 mars
Relents de la presse sur l’ultra violence, désormais systématique pour toute manifestation, de meutes déterminées à terroriser ceux qu’ils ravalent au rang de privilégiés et à se colleter à la force publique. L’instinct féroce déchaîné, comme une rafale d’oranges mécaniques, surgit pour détruire, traumatiser, saccager, piller, foutre la peur à cette masse paisible des anti-CPE. Notre société n’a plus l’entrain des départs constructifs. Juste la protection d’acquis en déphasage avec l’époque épuisée par un surdéveloppement condamné.

Avril

Samedi 1er avril

Ambiance raide !
Déterrer le palmipède boiteux ou s’envoler à la nageoire d’une arête nauséabonde ? L’occasion de renouer avec la charge encrée en ces jours pseudo prérévolutionnaires.
Avant de débarquer au Red Lions, encore non fréquenté en 2006, vu avec ma Blandine Les détectives de l’histoire : objectif de remuer la matière encombrante d’un passé collectif mal assumé. Pour ce premier charcutage, la polémique prise de pouvoir du grand Charles. L’exception du personnage réifie les volutes soupçonneuses sur la légalité de l’accoucheur de la Ve.
Sur Way Come From, divinement vocalisé par Brigitte, je dérive du majestueux Général au dégingandé Chirac, m’effondrant pour entrevoir une quelconque cohérence dans le passage prédémentiel de l’exécuteur en chef de notre Constitution. Sa dernière trouvaille institutionnelle après la dissolution suicidaire de 1997 : la promulgation fantôme ! Pour tenter la conciliation suprême des belliqueux de tous bords et ne pas s’écarter de son rôle premier en matière législative, il exécute tortueusement son devoir, botte l’arrière train de son fidèle de Villepin et gratifie l’opportuniste Sarkozy d’une reprise cautionnée d’initiative.
« Surréaliste » pour le littéraire Bayrou qui reprend les fondamentaux, Robert à l’appui, de la notion de promulgation, laquelle implique l’application immédiate. Mitterrand, l’histrion du faux attentat, déblatérait sur Le Coup d’Etat permanent du chef historique de la France libre ; la première décennie du siècle se sera avachie dans les à-coups du fat déprimant. Le cap du chef de gouvernement vient d’être amputé de sa superbe, dans un galimatias tarte à la crème.
Désormais, les boulevards s’offrent aux barbares à capuches, agités ultraviolents à éradiquer sans ménagement. Voilà une légitime cible à haïr pour la masse mobilisée, au lieu et place des rengaines de frileux. Aspiration des manifestants : le fonctionnariat, une stabilité ouatée par la ceinture, les bretelles et le parachute, le tout sur un matelas de têtes capitalistes fraîchement tranchées…
A l’époque sempiternelle où le sacré ensanglante à tout va, les paumés du pavé s’acharnent contre l’élémentaire liberté d’entreprise, clouant au pilori, par préjugé idéologique, toute tentative pragmatique. L’effet panurge du désespoir cultivé fait le reste. Quelques écarts ludiques entretiennent la distance d’avec la fosse commune, celle qu’un chanteur de bon aloi voit se remplir dangereusement de purin.
Pour le reste, le folklore des défilés, de l’illégitime coup de force sur asphalte, avec ses queues de cortège réservées aux vandales terriblement efficaces pour le fracassement en règle.
Les hurlements pour une opposition frontale, avec une énième constitution en prime, négligent le défaitisme des troupes. Le mal profond ne se contentera pas d’une substitution de texte, tout fondateur qu’il soit.

Jeudi 6 avril, 23h15
Mine émaciée et teint moins bronzé qu’à l’habitude, le Premier ministre affronte la période des affres avant la démission probable. Encore une réforme sacrifiée pour la minorité hurlante. Sombrant dans l’irrationnel nuisible, certains manifestants réclament également le « retrait » du CNE (retenu, depuis sa promulgation, par quatre cent six mille contrats de travail) et même le « retrait » de la loi sur l’égalité des chances, ce qui suppose une volonté d’empêcher l’extension des zones franches.

Mardi 11 avril

Un panache... de vile fin
En tas fumant le panache du Premier ministre. Avoir cédé à la montée en puissance moutonnière d’une minorité agissante, sans en tirer effectivement les conséquences personnelles, confirme sa filiation politique : aux antipodes de l’esprit gaulliste et bien ancrée dans la pratique chiraquienne du pouvoir. Les manettes de l’exécutif aux pinces de crustacés indélogeables, mais sans détermination réelle et à la logique gestionnaire bien fluctuante.
Facile, sans doute, d’achever ce diplomate « saponifiant » à terre, mais, à la différence des charognards du pavé et de quelques feuilles, je soutenais son projet. C’est l’abandon de sa ligne, après une promulgation fantoche (pour l’article huit seulement, mais capitalement !) qui navre et désespère de ce pays.
Dans sa méthode Coué déclinée devant un Poivre d’Arvor presque compatissant, il a terminé sur une piste de réforme des universités. Une
façon d’afficher qu’il persiste dans sa lancée, mais une idée suicidaire qu’il devrait se garder de mettre en œuvre. Les Devaquet, Juppé, Ferry, Fillon and Cie ont connu à leurs dépens les charnières minées des terrains de l’enseignement et de la jeunesse.
Qu’il demeure accroché à son rocher Matignon sans vagues faire, en espérant que la dextérité de la population à oublier lui redonne un peu du panache passé.
Quant au pays, il est entre les mains de syndicats statistiquement non représentatifs, de quelques cohortes bruyantes et représentatives que d’elles-mêmes – soit moins de 5% des Français, en retenant les chiffres les plus optimistes – le tout sous le regard gourmand d’une opposition qui se dispense ainsi de tout programme de rechange, profitant de facto du chaos puis de l’enlisement national. Bravo les artistes ! Tristes pitres…

Jeudi 13 avril, 0h30
De retour d’une ‘tite toile avec ma BB : le duo Fabrice-Johnny divertit sans peine, en ajoutant une réflexion sur le destin de chacun.
Chacun se forge, mais se marque aussi d’un alentour déterminant. Evitons le philo de zinc… mais je songe tout de même à cette chère Cécile Marchand qui a tenu bon sa barre artistique et qui est parvenue à ses objectifs, alors que j’ai moi renoncé à toute trajectoire artistique publique réelle. Mon illusoire soupirail vers un lectorat se limite à un Blog nourri sporadiquement. Pas désespéré pour cela, pourtant. L’aune assumée me convient, en fait. Cet anonymat m’affranchit de toute chapelle : en ces temps de suivisme idéologique, peut-être une voie à préserver.
Un ton journalistique accrocheur, Le Journal du monde de Vincent Hervouët, sur LCI, relativise les drames hexagonaux. Entre une population du Népal martyrisée par le pouvoir en place, un Tchad au bord de la guerre civile, un Iran qui nargue la communauté internationale en misant sur le nucléaire militaire via le civil, les attentats sanglants en Afghanistan, au Pakistan et en Irak, la Palestine prise à la gorge par l’armée israélienne…

Mercredi 19 avril

Lorgnette en fête !
Première journée de 2006 à prendre le soleil au parc de la tête d’Or, en lisière de la roseraie, là où quelques bancs s’offrent dans un cocon vert. Torse nu défendu à l’instant par deux limités de la police municipale, aux aguets pour exercer leurs petits pouvoirs. Sept ans que je fréquente ce lieu, et me voilà prié de remettre le tee-shirt, sans doute pour ne pas troubler la vieille dame qui passe.
Argument avancé par les képis frustrés : on n’est pas à Miribel Jonage : effectivement, je n’ai ni mon maillot de bain, ni mes saucisses puantes à frire, ni mes gueulantes de braillards… juste un torse encore potable.
Voilà le type d’excès bêtifiants d’un ordre public où l’on s’aplatit devant des barbares-casseurs déchaînés, et où le citoyen calme et respectueux d’autrui se fait emmerder par ces représentants de l’action incohérente.
Avant ce petit accroc dans ma sérénité pré estivale, j’observais, sur le banc connexe, un couple âgé en différend à chaque amorce d’échanges. Une femme aboyeuse, un bougre encaissant par bougonnements imprécis : calamiteuse représentation de la dualité.
(...)
Le sacré Sting vient encore une fois de m’échapper. Annoncé en concert aux Nuits de Fourvière, je me présente, naïf, confiant, à un point de vente Fnac : plus rien depuis belle lurette, toutes les places arrachées en trois jours.
En revanche, je ne suis pas encore décidé pour Al Jarreau (qui passe fin juin à la nouvelle Salle 3000 sise à la Cité internationale) qui tarde à écouler ses emplacements à tarifs variables, mais un peu trop gonflés à mon goût. Les passions passent.
Zappant sur la FM parmi la vingtaine de stations préréglées : le 96.1 me dévoile en chocs rythmiques bien assénés une des perles singuées de la Diams revendiquée Boulette. Boule d’énergie ciselée, même si le contenu me partage. « Pas l’école qui nous a dicté nos codes ! » : à cent pour cent pour le fond, mais aux antipodes pour les choix. Le firmament (limité) du rap français accueille en tout cas un joyau créatif.

Vendredi 21 avril, 0h30
De retour du complexe UGC Ciné Cité, après avoir dévoré le déjanté Enfermé dehors avec l’inclassable Dupontel. Un conte de fées SDF, à la sauce électrique des guitares, qui vous transporte parfois jusqu’à l’absurde qu’engendrerait un bon sniff de colle.
Autre découverte de la journée : en cherchant quelques photos pour illustrer novembre 1991 de mon Journal pamphlétaire mis sur Blog, je tape « château d’O » et tombe sur de nombreuses représentations du lieu, avec même un site commercial qui lui est consacré. Les propriétaires l’ont converti en résidence hôtelière de luxe avec piscines intérieure et extérieure. Je retrouve les vues du château et du parc presque à l’image de l’univers de mon enfance préadolescente. Quel vertige à songer au gouffre de temps écoulé depuis la dernière fois où j’ai dormi dans sa chambre principale de l’aile gauche. Quinze années pour retrouver une demeure et un parc privés de la féerie que nous lui avions insufflée. Plus rien de nos jeux, de nos tâches quotidiennes, de nos promenades enivrantes… cette ribambelle d’instants exaltés qui ont définitivement perdu leur ancrage pour ne plus pouvoir que vaguement s’accrocher à quelque mémoire fragile.
Même tristesse en voyant une photo récente de Hermione, figurant sur son site, qui dénature l’image qui m’était restée d’elle. Moi-même je ne dois pas être très aux normes de l’évolution que certains attendaient. Alors relativisons… toujours.

Samedi 22 avril
Attendant que ma BB ait achevé sa première manche de Pinball, jeu de flippers sur Microsoft XP, je poursuis ce grattage.
Le week-end du 8 mai, passage au château d’Au pour quelques moments affectifs avec Heïm.

Lundi 24 avril, 23h35

Humanité bas perchée
Diffusion par Arte du Cauchemar de Darwin de Hubert Sauper, dont je n’avais suivi que de loin les polémiques attenantes. Ce documentaire sans complaisance, un peu à la façon des instantanés de l’émission Strip-tease qui rapportait sans commenter des tranches de vie, nous révèle l’Afrique telle qu’elle est et meurt aujourd’hui. Non que je ne sache rien des fléaux et exploitations acharnées du continent par les colonisateurs économiques, avant d’avoir découvert ce chef d’œuvre réaliste ; mais l’incisive démonstration des images, l’authenticité des autochtones, les contrastes de situation vous prennent à la gorge, rendant presque honteux d’appartenir au même coin géographique que les exploiteurs des lieux.
Des images en vrac me reviennent : ces enfants des rues se battant comme une meute affamée autour d’une écuelle de riz ; cette femme mettant à sécher les restes (têtes et arêtes) de perches en repoussant les vers qui ont investi les plus anciens jonchant le sol ; ce gardien de l’Institut national des pêcheries qui espère la guerre en Tanzanie et son engagement à tuer pour régler ses problèmes de survie ; cette Héloïse, prostituée aux yeux de chat, qui chantonne en douceur devant la caméra de Sauper, victime quelques semaines plus tard du défoulement meurtrier d’un barbare australien ; cette femme morte-vivante, atteinte par le Sida et qui
parvient, dans un souffle de voix désespéré, à révéler qu’elle ne peut plus se nourrir… Galerie éperdue de ces sacrifiés pour l’opulence préservée des potentats du régime, des quelques gros bonnets de pays riches (l’Europe en tête) impliqués dans le pillage légalisé, et finalement pour maintenir le déséquilibre mondial en notre faveur.
La perche du lac Victoria comme parangon d’une ignoble manière d’exploiter l’Afrique en lieu et place du peuple africain. Ne nous leurrons pas de naïveté, toutefois : si notre continent avait été le point faible à dépouiller, les autres coins du monde (y compris le continent noir) se précipiteraient comme autant de charognards gourmands. Le vice du système tient à une humanité indigne qui ne respecte que la loi du plus fort, sous d’hypocrites révérences à la légalité affichée.

Mardi 25 avril
L’appât des ressources naturelles s’est substitué aux visées territoriales. La raréfaction de certaines, l’énormité des besoins de pays s’ajoutant aux développés historiques (arque boutés sur la préservation de leurs privilèges) risquent d’engendrer l’éclosion de guerres étatiques, au moment où la conscience collective sera obnubilée par le combat contre l’hyperterrorisme. Quel pays (Etats-Unis compris) aurait aujourd’hui la volonté et les moyens financiers de combattre les ambitions belliqueuses d’une puissance moyenne ? Exaspération et crainte devraient être confirmées par des illégalités en chaîne.
Le chef de l’Etat iranien le saisit peu à peu. L’antique désir perse de s’étendre sur le monde arabe, via les Chiites, n’a pas encore émergé dans ses discours. L’urgence dialectique se résume à la haine d’Israël, jusqu’au boutisme d’un discours qui vise tant la scène internationale qu’une tactique politique intérieure. Hier, trois attentats de plus en Egypte qui paye là encore sa modération dans la problématique israélo-palestinienne. Si les Frères musulmans parvenaient au pouvoir, par les voies démocratiques, c’en serait fini de l’ère Sadate.
En bref pour mes affaires intérieures : passage des parents B en fin de semaine avant qu’ils rejoignent leur cadeau des quarante ans (un séjour d’une semaine dans les Pyrénées) ; semaine prochaine en vacances avec passage à Fontès, puis séjour éclair au château d’Au avant le retour à Lyon. Le lundi 8 mai au soir, entrevue espérée avec Cécile M, pour un résumé réciproque de presque vingt ans d’existence. Tournis du temps qui nous rapproche de la fosse.
A Cqfd, un été qui s’annonce chargé en formations financées par la région, ce qui suppose la bonne santé financière de notre structure… (...)
Les vacances d’été se répartiront en quinze jours à cheval sur juillet et août et une semaine début septembre. Quelques ponts et jours fériés pour compléter. Voilà un compte rendu salarial, mais sans jamais oublier ma connaissance de la situation d’employeur, ce qui m’évite les travers revendicatifs de la masse des travailleurs. Le confort psychologique de ma situation, même modestement rémunérée, m’incline à une réserve respectueuse des portefaix de la responsabilité structurelle.

Dimanche 30 avril
Contes sur Clearstream
Une bien morose fête du travail pour le Premier ministre. La campagne de presse qui se déchaîne contre lui dans cette affaire corbeautée lui laisse une terne alternative : admettre et se démettre en forme de Waterloo personnel, ou nier et s’accrocher dans la minable tradition des bigorneaux politiques.
Curieusement, le gros des éditorialistes limite sa verve à l’échevelé dépité sans redoubler la charge contre son chef qui, selon les déclarations du général Rondot, serait la source originelle du déclenchement de l’enquête dans l’ombre réclamée contre le gêneur Sarkozy.
Voilà du lourd : la sphère opaque du Renseignement, jusqu’alors évanescence muette pour le commun des mortels, se risque à l’opération Portes ouvertes… aux scandales.
Des éléments nous échappent certainement, mais la pointe de l’iceberg suffit à entretenir la nausée qui s’installe chez tout observateur affûté des miasmes gouvernementaux et présidentiels. Des ficelles bien grosses dans cette tentative d’éliminer, dès 2004, celui qui se posait en rival bien rasé du vieillissant Chirac. Une seule question capitale subsiste : qui est le corbeau et peut-être, surtout, qui lui a suggéré l’envoi de cette liste grossièrement falsifiée ?
La version fade serait un coup des chiraquiens. Beaucoup plus machiavélique, rappelant les arcanes du faux attentat de l’Observatoire contre Mitterrand, serait l’approche du « faites-en sorte qu’il ait l’impression que l’idée vienne de lui » (principe du manipulateur manipulé dans L’Aile ou la cuisse de Claude Zidi).
Imaginons que le corbeau soit effectivement un sbire chiraquien approché par un occulte sarkozyste non déclaré qui, par talent rhétorique, l’amène à avoir l’idée de liste trafiquée (en l’élargissant à d’autres personnalités pour qu’elle paraisse plus crédible, moins focalisée). L’objectif des créateurs du corbeau est de lui faire lancer un appât auquel les Villepin-Chirac, en quête d’une voie pour neutraliser le Sarkozy, pourraient mordre, préparant ainsi, sans s’en douter, leur fatal discrédit. Ajoutons à cette hypothèse quelques autres contacts clandestins pour que la supercherie se révèle au moment opportun : voilà qui relèverait de la magnifique salauderie. A moins qu’un royaliste underground (dévoué non à la couronne, mais à la Ségolène) soit la clé de cette fumeuse affaire selon, grosso modo, la même stratégie de fond (ce qui expliquerait la présence de DSK sur la liste explosive).
A moins qu’une inavouable alliance d’adversaires ait eu pour impératif d’évacuer un ennemi commun…
Tout cela ? Sans doute des contes pour contempteur du ruisseau bourbeux dans lequel pataugent quelques gouvernants…

Mai/Juin

Mardi 2 mai
Fontès pour une petite semaine de jours ouvrables. Le temps de faire découvrir à ma BB quelques sites remarquables de l’Hérault sur les conseils combinés (mais successifs) de maman par un courriel et de l’oncle Paul hier soir.
Ma chère grand-mère garde la forme pour une vénérable de 93 ans.
Vers les 22 heures, nous avons partagé un Château Mazers avec Paul et sa nouvelle (et très gentille) compagne, de retour de ses deux hectares et demi de vignes. Il nous confie que grand-mère, au-delà de son défaitisme apparent, de son moral affiché le plus maussade qui soit, ne rechigne pas à pratiquer à nouveau la marche avec son déambulateur dans la maison de retraite, ou au bras de quelqu’un de confiance pour venir jusqu’à la maison. Lui qui la « pratique » tous les quinze jours sait faire le tri entre les humeurs pour la galerie et les potentialités réelles.
Semble bien aller le Paul, la tignasse grise et la répartie toujours joyeuse : il prendra probablement sa retraite en fin d’année, puisqu’il fait du rab, en ce moment.
Plus triste, j’ai appris dimanche le décès de Jean-François Revel, ce penseur affûté, irréductible à une chapelle, esprit libre conduit à contre-courant du bien pensé ambiant. J’ai appris, lors de sa nécrologie sur TF1, qu’il avait été plutôt à gauche dans ses débuts intellectuels, se retrouvant même au côté de François Mitterrand à une période de sa vie.
Dans mon Panthéon en verve, galerie de personnages appréciés réunis par des extraits de mon Journal dans le blog LD pamphlétaire, je les avais liés par leur fine intelligence, au-delà de leurs divergences idéologiques. Finalement, leurs parcours se sont croisés pour un partage à durée limitée certes, mais dense pour le contenu : de droite à gauche pour le Fanfan, de gauche à droite pour le feu Revel.
Le soir. Première pleine journée presque achevée : l’Hérault sous quelques angles pour ma BB : la manufacture royale de Villeneuvette, un petit parcours sur route forestière le long du lac artificiel Le Salagou (pays de la terre rouge) et passage au village ruiné de Celles, site découvert avec la Néerlandaise (que j’ai récemment supprimée de mes contacts Internet, lassée, semble-t-il, de recevoir la promo de mes blogs…). Depuis, des grillages entourent les demeures figées dans l’abandon, pour parer aux pillages, saccages et tagages des lieux. En brochettes, les abrutis !
En fin d’après-midi, petit moment au jardin avec grand-mère pour la faire voyager à travers nos photos, notamment du séjour en Touraine.
Dans la banlieue parisienne, l’ambiance est à la baston sanglante entre bandes. Voilà une méthode radicale pour diminuer la surdose de racailles dans ces nids sordides. On devrait organiser quelques jeux meurtriers avec les raclures des cités pour qu’ils se neutralisent sans recours à la force publique.
Lu, dans Le Monde 2, la révolution que préparerait la maîtrise des nanotechnologies, peut-être encore plus conséquente que l’a été l’informatique. Comme toujours, impressions ambivalentes sur les apports possibles : des progrès fabuleux en matière médicale ou technique, jusqu’aux dérives d’une amélioration de l’espèce humaine par ce biais. Hantise pour les humanistes traditionnels, chance pour les scientistes : à observer l’humanité telle qu’elle est, peut-être qu’un coup de pouce à son évolution redonnerait quelque espoir à une amélioration de son fond.
Je retourne dans La méprise de Florence Aubenas qui dresse à brut l’historique de l’affaire d’Outreau dans ses fantasmagories entretenues, dans cette médiocrité sordide, avilissante des lieux et des protagonistes premiers, ceux qui s’avèreront effectivement coupables : les Badaoui, Delay, Grenon et Delplanque, et comment les déversements verbaux de quelques enfants ont fait basculer la vie d’innocents. Edifiant sur la nature humaine si vile et méprisable.
On nous bassine avec le regard sévère, blasé du peuple sur les gouvernants au sens large, l’élite… mais on ne souligne pas assez, notamment dans les mass médias (et pour cause !) combien des franges conséquentes du peuple sont méprisables, à vomir : ces supporters hurlants, bavants, prêts à frapper l’autre pour dominer, ces voisins de cité se gargarisant des rumeurs et en rajoutant pour charger les présumés innocents, etc.

Mercredi 3 mai
Le de Villiers, sur France Inter, a lesté son message, logique ma foi, et trouvant l’écho non avoué chez nombre d’autochtones. Pas du tout inspiré ce matin.
Je viens d’avoir Cécile : nous devrions parvenir à nous voir le 8 mai, qu’elle vienne à Paris ou que je la rejoigne dans son logis.
Renoncement à la plage de Marseillan, ce jour, préférence pour le farniente au jardin pour ma BB et la faux-bronzette pour moi, avec pour objectif d’éliminer le maximum d’herbes folles. Deux heures partagées, en fin d’après-midi, avec grand-mère dans ce lieu apaisant. Toujours un moral en demi teinte : elle affirme son improbable survie l’année prochaine. Seule pirouette : accentuer l’effet dramatique avec humour pour le dégonfler.
De Villepin semble avoir choisi l’accroche au pouvoir par quelques contre attaques, notamment contre son ancien camarade de promo énarque, le secrétaire général du PS. Tenir jusqu’en juin, jusqu’à l’événement sportivo-grégaire qui sonnera l’amnésie collective, suivi des vacances d’été. La rentrée 2006 marquera le début d’une campagne présidentielle que le Premier ministre a peu de chance d’animer, mais une parcelle d’espoir subsiste, alors que démissionnaire le néant politique s’imposerait à lui.

Jeudi 4 mai
Dernier jour du séjour à Fontès, demain matin tôt retour à Lyon pour que je donne mon avant-dernier cours à Forpro en culture générale. Séance simplifiée à l’extrême pour moi : test d’une heure et demie, puis diffusion du Faites entrer l’accusé sur l’assassinat du juge Renaud à Lyon.
Programme du jour : escapade à la grotte des Clamouses puis déambulation à Saint-Guilhem le désert. Ciel floconneux sur Fontès, mais je maintiens le port du short blanc pour ce dernier jour.
Vendredi soir, invités (avec sans doute d’autres amis) chez Bonny et Eddy dans leur nouvelle demeure, avec jardin, à Villeurbanne. Et le lendemain, je pars vers Au. Du dense, cette semaine de vacances.
18h30. Nous venons de quitter ma grand-mère dans cette brève quotidienneté des fins d’après-midi partagées pour lui narrer nos émerveillements de la journée. Sortie dans la cour intérieure de la Providence, avant de la laisser à regret dans la salle à manger, j’essaie de la faire replonger dans quelques époques anciennes de son existence : son mariage antérieur avec son chef de bureau, sa rencontre avec grand-père dans un bus à Versailles, sa complicité avec sa sœur Denise, et quelques autres bribes éparses. Pas le temps ni la mémoire d’approfondir, mais une façon d’éclairer son regard d’une vivance régénérative. En passant devant la salle à manger des invalides, et en parvenant à celle de ceux qui ont encore leur tête, l'émotion que cet au revoir ne bascule vers des adieux. On ne peut se résoudre à l’inéluctable, même avec cette rallonge accordée par dame Nature. Je pressens ses yeux s’embuer lorsque nous la laissons dans son fauteuil roulant, face à ses convives de tablée. Notre retour se fera pour le week-end de Pentecôte, avec maman et Gilles. Nous essaierons alors de la convaincre de venir passer un bon moment au restaurant.
De Villepin lustre la coquille de bigorneau qu’il assume, bien accroché au rocher de Matignon. Les dates de ses dernières conférences de presse mensuelles coïncident avec d’éprouvantes épreuves à surmonter : abandon du CPE et, aujourd’hui, soupçon d’utilisation des services de renseignements pour servir ses ambitions présidentielles. Un chêne en roseau notre Ministre premier, avec sa mission en ligne de mire qui doit le conduire jusqu’au bout au-delà de toutes les attaques journalistiques et de tous les sondages. Saluons la persévérance du verbe, même si la cathédralesque action gouvernementale s’apparente davantage, les mois passants, à des pâtés de sable.

Samedi 6 mai
Le château en visée, Heïm non vu depuis deux ans et quelque, espérant un moment de densité affective, sans dérive cathartique. La période de défiance semble s’apaiser pour accepter à nouveau le partage intellectuel. Peu inspiré, dans ce TGV.
Belle et complice soirée avec Bonny et Eddy dans leur grand jardin attenant à leur magnifique demeure. Voilà un nouveau grand nid qui devrait laisser s’épanouir leur union repartie sous d’apparents bons auspices.
Le spectacle Soul Music Story pourrait prendre un essor en fin d’année auprès des gros comités d’entreprise de la région. Le 23 mai, une représentation gratuite aura lieu pour tous les invités de ces corps d’entreprise. Objectif de la structure Lydéric : obtenir le maximum de représentations auprès de salariés ravis de posséder un comité si généreux.
Le château se rapproche, décidément, sur cette ligne tant empruntée à l’époque tourmentée de ma prise de distance d’avec l’univers de Heïm.
Coldplay s’amorce sur le Cdivers et c’est à nouveau le frisson renouvelé grâce aux notes en tension lyrique d’In my place.

Dimanche 7 mai
Je relève quelques commentaires savoureux à l’éclairage du temps passé Dans l’intimité de personnages illustres – 1850-1950 :
Sur Louis Pasteur (en 1852) : « Ira loin disent ses protecteurs : en tout cas, il va à la messe, ce qui, chez les savants, est déjà une originalité. »
Sur Eiffel (en 1882) : « Médite, dit-on, de rebâtir la tour de Babel dans Paris ? Le canal eut été plus utile. »
Sur Grévin (en 1887, sur le musée qu’il vient d’ouvrir) : « (…) cette vie immobile et fardée est pire que la mort. Les criminels célèbres y sont plus sinistres que nature. A interdire aux enfants. »
Sur de Vigny : « Lamartine était plus mélodieux, Hugo plus éclatant, Musset plus spirituel. Vigny n’avait pour lui que sa fierté et cette dignité hautaine que l’on retrouve dans toute son œuvre. »

Lundi 8 mai
Ci-dessus, quelques citations à l’arrachée extraites de ces albums extraordinaires récupérés par Heïm chez les parents de Vanessa. Une plongée dans les portraits au daguerréotype accompagnés d’une notice manuscrite sur les données jugées essentielles (parfois mêlées à de savoureux commentaires comme ceux notés) des personnalités choisies.
Au fil d’un parcours rapide, hier soir avant l’endormissement, je retrouve des figures littéraires, accointances ou contemporaines de Léautaud et dont j’ignorais les traits, pour les moins renommés. Les Figuéras, Capus, Descaves… inconnus du commun des mortels, me reviennent avec toute l’atmosphère littéraire de la première moitié du vingtième croquée par le diariste. Voilà un univers attachant, pourtant si loin de mon existence, et qui fleure bon le papier épais du Mercure de France.
Bon séjour au château d’Au, dans la gentillesse affective et sans débordement. Panorama d’une actualité chargée en destinées de ceux que j’ai côtoyés ou croisés. Quelques morts au village dont la plus tragique : celle du frère de la petite S décédé d’un cancer foudroyant. Heïm me raconte que le transport du cercueil a été effectué exclusivement par des enfants dans ses âges, et ce à travers tout le village. Moment poignant.
Y, la plus adorable des trois, est devenue «monstrueuse» : grosse et revendicative. Quelle transmutation. Je l’avais croisée lors de mon dernier passage et des rondeurs disgracieuses l’avaient déjà déformée. Une telle transformation de l’apparence et de la mentalité vous ferait renoncer à tout essai de compréhension (et d’appréhension) d’une quelconque cohérence humaine.
Le château et le parc s’embellissent, les années passants, par les efforts financiers de Heïm : de la salle à manger jouxtant le grand salon enfin achevé, à la salle en murs de bois (ex salle à manger) transformée en salon de lecture style Louis XV.
Le parc aussi se pare de coins enchanteurs comme l’ancien enclos des chiens désormais soigné avec goût autour de la pièce d’eau d’Onf.
Déception atténuée ce lundi : pas vu Cécile qui a annulé bien tardivement (et curieusement, sous des prétextes suspects d’anniversaires familiaux qui ne pouvaient se prévoir !) notre entrevue programmée depuis plusieurs semaines. De là à soupçonner de clandestines pressions de son mari… Voilà le désagrément des amitiés cultivées (ou que je souhaiterais réactiver) avec la gente féminine : tôt ou tard, en embuscade ou en vigie à l’affût, un sieur prêt à l’éradication du lien. Finalement, très heureux de revoir Sonia qui, malgré ses problèmes récurrents, semblent mieux se porter. Croisé à cette occasion son père dans une belle forme de septuagénaire naissant et à l’accent italien agréable, et l’une de ses sœurs à l’abord froid.
Retour comme je les apprécie dans le TGV 6665, dans un carré avec trois jeunes co-voyageuses. En face, endormie, une demoiselle rousse aux formes généreuses, un petit haut vert laissant percevoir la naissance d’épaules charnues. A ses côtés, la silhouette longiligne d’une jeune femme au regard doux et humide, un petit haut estival couvert d’une veste en cuir marron, laissant deviner une menue poitrine ferme. A mes côtés, une brunette asiatique qui semble ne pas comprendre le français, à la lèvre supérieure épaisse qui dépasse légèrement l’inférieure, ce qui, dans un visage aux mimiques craintives, accentue la note d’innocence coquine. Voilà le petit exercice descriptif pour accompagner le paysage qui défile.

Dimanche 14 mai
Un peu de polémique dans Arrêt sur images (Arte) : Karl Zéro, visiblement dépité et remonté, vient défendre sa décennie (ou ses quinze ans, j’ai un doute) d’émissions. Pas de connivences avec les politiques, même s’il fait intervenir, l’année dernière, trois poids lourds du secteur (Fabius, Strauss Khan et surtout Sarkozy) pour soutenir Le vrai journal déjà menacé d’arrêt. Depuis deux ans, il confie devoir subir les fourches de la censure par la nouvelle direction de Canal + pleine d’aspiration pour le ripolinage sans vague.
Dans l’affaire Allègre (la mise en cause, par de sordides accusations, de Dominique Baudis, président du CSA) il reconnaît l’erreur d’avoir lu le courrier du tueur en série qui lui est adressé, et il révèle avoir payé quinze mille euros l’une des principales accusatrices pour qu’elle lui réserve son témoignage.
Pour défendre ses dérives professionnelles, il se retranche derrière les fameuses, et un peu enfantines, rengaines : je le fais, mais les autres ne font pas mieux ; je l’ai fait, mais le chef ne me l’a pas interdit ; si je ne l’avais pas fait, un autre l’aurait fait… Sur la défensive le Karlo : le pitre irrévérencieux s’est transmué en revendicateur aux abois. Finalement, les coulisses ont toujours plus d’intérêt que la scène affichée.

Mercredi 17 mai
Petit passage matinal au parc Tête d’or. Venus s’asseoir dans le « U » de bancs face au lac où je suis installé, une dizaine de jeunes Allemands en vadrouille. Joyeux, blagueurs dans la langue de Goethe, je peux deviner la teneur globale des propos par la tonalité vocale, les mimiques et ce que je peux supposer des centres d’intérêt de leur âge. Parmi eux, une jeune fille au comportement plus mature et possédant déjà tous les attributs et la gestuelle de la féminité. Très troublant.

Samedi 27 mai, 1h15 du mat.
Après quelques délires sur Msn, retour aux plus introspectifs petits carreaux du Clairefontaine.
Ce soir, à C dans l’air, brochette de scientifiques passionnés qui nous laissent entrevoir quelques fascinantes théories sur le fonctionnement de l’univers. La plus hardie, celle des cordes, retient un Tout à onze dimensions qui permettent la superposition de plusieurs infinis (oxymoron !) dont la plupart nous sont inaccessibles.

Dimanche 28 mai, 23h
Lourde chaleur pour cette fin de long week-end passé comme un éphémère. Semaine à venir plus aux normes après les légères de ce dernier mois et, vendredi après-midi, départ pour Fontès où nous retrouverons maman et Jean pour un séjour festif.
Quelle magnifique entente (re)trouvée depuis quelques années (et surtout depuis que je suis avec ma BB) avec mes parents et leur moitié respective. J’ai tellement été en réserve sur ce sujet, pendant la plus grande partie de mon existence, que je me réjouis de pouvoir consigner ici la qualité des liens qui m’unissent à eux. Ce départ pour Lyon aura eu l’effet bénéfique d’un rapprochement dans le cœur.
Dois-je m’entêter à hurler avec les féroces sur cette fin rance de quinquennat ? Pourquoi chaque époque cultive-t-elle un alarmisme sur sa propre déchéance clamée ? Finalement, tout ce jeu médiatique autour de telle ou telle affaire montée en épingle a-t-il une quelconque utilité pour changer les tares immémoriales de notre civilisation, ou n’est-ce que les agitations guignolesques d’un théâtre d’ombres, ni plus ni moins respectables que toutes celles qui les ont précédées.
Le panurgisme de presse n’étonne pas, mais doit se concilier avec la relativisation que permet une mise à distance de l’actualité.
La dernière année de la présidence Chirac peut s’aligner à côté des ambiances d’autres fins de mandat comme le de Gaulle d’après mai 68, jugé comme dépassé par une part croissante (et ingrate) de la population ; le VGE ayant perdu tout élan dynamique face au souffle rose ; le Mitterrand affaibli, au bord d’inaugurer les chrysanthèmes tout en devant affronter les mille et un secrets livrés à la presse fouineuse. Apocalyptique tableau dans lequel s’intègre, sans effort, le Chirac du jour.

Mercredi 31 mai, 23h58
Je m’arrache au Couple dans la guerre des attachants About et Nakad pour confier un nouveau sujet d’indignation.
Vingt ans après, les médias télévisuels rediffusent les ahurissantes déclarations du professeur-escroc Pellerin. Avec ses cartes truquées, ses airs offusqués tellement les questions des journalistes lui semblent hors de propos, il a contribué à légitimer un crime d’Etat (de plus). Aucun danger pour nous suite à l’explosion de Tchernobyl, nous serinait-on ; les seuls qui risquaient étaient ceux enfermés dans la centrale elle-même. Les plus grosses ficelles sont les plus faciles à faire passer.

Dimanche 3 juin

La voie "Royal"
Depuis Fontès me reviennent par la presse et les ondes radio le tintamarre alambiqué autour des déclarations de la séduisante Royal. Le Strauss-Kahn s’ébouriffe, le Lang tergiverse, l’Aubry s’étrangle, le Fabius sermonne et même le Hollande, son légitime de mari, se voit contraint de reléguer les idées de sa Ségolène sur l’étagère des infréquentables. A l’inverse, quelques voix s’ébrouent pour approuver la fin d’une démarche hypocrite et suicidaire dans le traitement de la délinquance juvénile : des députés, des maires du 9-3 et le toujours alerte Chevènement.
Voilà enfin un véritable schisme dans la gauche : entre les indécrottables adeptes de la prévention à œillères, celle qui excuse a priori toutes les formes de sauvagerie, voire de barbarie, des jeunes terreurs de cité ; et les autres, minoritaires, qui prennent conscience de la vanité des bons sentiments à l’égard des saloperies malfaisantes. Le « tendez-la-joue » de gauche pour résoudre les dérives d’une infime partie de la jeunesse, mais part polluante majeure des quartiers sous leur coupe, a fait son temps. L’exégèse socio-psychanalytique des causes ne doit plus parasiter l’action efficace pour rétablir dans ces zones l’ordre public tant réclamé par les populations locales.
La gangrène n’est évidemment pas nouvelle, et beaucoup d’entre nous peuvent évoquer la présence terrorisante d’une bande dans un immeuble, un quartier, une école. Ma scolarité s’est faite, en partie, sous l’atmosphère tolérante des socialistes au pouvoir. Ainsi, de 1983 à 1985, le C.E.S. de Conflans-Sainte-Honorine (ville administrée par Michel Rocard), pourtant bien plus calme que celui d’Éragny-sur-Oise où je résidais, accueillait un trio de branleurs à qui l’encadrement militaire aurait profité grandement, m’évitant ces nombreuse récréations gâchées jusqu’au jour où l’un d’eux, venu me titiller en solitaire, sûr de sa toute puissance, s’est chopé mon pied au cul avant de prendre les siens à son cou. De ce jour, après quelques stériles menaces de représailles du trio de morveux, j’ai intégré la salubrité de la répression personnelle, et jamais plus personne n’est venu me chercher des noises. Sans doute que l’encadrement socialisant du collège avait une approche compatissante de ces pauvres merdeux délaissés ou martyrisés dès leur jeune âge.
Pour épargner ces ratés familiaux, il faudrait tolérer l’empuantissement des lieux publics ? Quelle négation des fondements mêmes de la vie en collectivité. Point de contrat social chez les extrémistes de la tolérance ciblée comme les sbires de Lutte ouvrière, mais un culte du diktat des échoués. On comprend la haine que ces enfarinés du Grand Soir peuvent porter à l’irrévérencieuse Ségolène Royal.
Feu de paille ou vraie naissance d’une conscience à gauche que les méchants ne se focalisent pas que chez les possédants ? A observer le cirque des indignés de la Rose, on peut douter de l’émergence durable d’une approche lucide de ce fléau social chez les héritiers des potes de Tonton.

Samedi 10 juin
De l’estival qui baigne le parc, je laisse mon esprit vagabonder de la lecture d’articles à l’observation d’une roseraie rayonnante et de passants heureux de tels feux du ciel.
L’Irak a perdu son boucher sanguinaire Zarkaoui, l’une des têtes innombrables (mais sans aucun doute la plus hideuse) du terrorisme islamiste. Tout comme son maréchal Ben Laden, il a épuisé sa jeunesse dans tous les vices occidentaux qu’il a fustigés par la suite. Des opportunistes du Djihad qui ont très bien su jouer de la puissance des moyens modernes de communication.
Petite coquetterie non négligeable dans les carnages revendiqués par Abou Moussab : la haine déchaînée contre les chiites qu’il souhaitait trucider dans une apothéose de guerre civile généralisée. Finalement, la vraie terreur du terrorisme islamiste, depuis le onze septembre, dans son déchaînement fréquent, ou quotidien comme en Irak, s’est focalisée sur des pays musulmans et non dans les contrées occidentales. L’évidente facilité pour déployer cette violence aveugle dans ces zones déstabilisées et imbibées par l’esprit salafiste ne doit pas leurrer. Dans l’ombre, quelques gros coups se préparent contre les Occidentaux.

Jeudi 15 juin
Alors que l’acariâtre Bedos traîne quelque part encore ses grisâtres coups de gueule, le jubilatoire et aérien Devos vient de laisser s’envoler son âme. Mes jeunes années s’embrouillaient parfois pour accoler le bon visage à ces paronymes approximatifs, mais sitôt le timbre de voix entendu, j’identifiais l’univers du clown à bons mots ou de la teigne aux formules acérées.
Devos avait la gentillesse que ne peuvent plus se permettre d’afficher les cuvées ultérieures de comiques. Vu quelques images, dans Envoyé spécial, du castelet de ce spécialiste ès trituration de la langue, et qui songeait à en faire un musée post mortem. A voir cette douce masse appuyée sur une canne, on ne peut que verser une larme en l’imaginant aux cieux trop sérieux.

Samedi 17 juin, 1h40 du mat.
Ma BB en sortie, pour une fois ! avec ses collègues de travail vers Saint-Priest. Moi, en vase clos, de la toile du net au matelas du lit. Poursuite de la mise en ligne de mes écrits : côté poésies, bientôt achevé le transfert. A relire ces vers torturés et parfois bien lancés, je ne peux m’empêcher de faire le parallèle avec l'indigence extrême de l’expression des stagiaires du centre Cqfd. Combien mes univers sont à des infinis des leurs, limités par leur infériorité langagière. Pour la formation et l’expression de leurs pensées, ils ont recours à une parcelle dérisoire du possible de notre langue.
A toute allure les semaines chargées pour ne pas les sentir trop prégnantes. La réalité : un formidable désintérêt de ma part pour les publics que l’on reçoit.

Dimanche 25 juin, 23h05
Une semaine encore bien remplie des face-à-face pédagogiques qui n’enthousiasment pas. Les formations conventionnées par la région charrient quelques spécimens d’illettrés je m’en foutistes, tout juste bon à racler les chiottes. Imbus de leur vide sidéral, ils s’efforcent d’emmerder les quelques qui voudraient sortir de cette bourbe. De vrais parasites qui, s’ils ne ramenaient pas quelque blé via la région, devraient être immédiatement interdits de toute formation. Les laisser crever dans leur jus : voilà tout juste ce qu’on devrait leur accorder, et en silence siouplaît ! Ahh, ça défoule !
Mariage de Barbara et Jean-Luc, hier, suivi d’une très conviviale réunion dans la Drôme des collines.
Encore deux semaines chargées à bloc, suivies de deux autres plus détendues, avant les quinze jours de coupure totale.

Juillet

Lundi 3 juillet
De retour vers Lyon, après un week-end partagé entre le Cellier et Saint-Denis la Chevasse. Au programme : les trente ans de François et les un an de son union avec Emma. Moments festifs un peu épicés lorsque j’ai bretté avec un des convives (petit ami d’une copine de François) aux lunettes flash de celui qui ne veut pas vieillir. Entre autres sujets de polémique : le permis de voter, la notion d’aristocratie, le populisme de Le Pen… Quelques passages au piano antique, présent chez le jeune couple, pour déchiffrer quelques airs à quatre doigts, dont un passage de Coldplay, ou improviser plus ou moins judicieusement.
Le samedi soir, les V et B réunis devant le petit écran pour assister, dans une ambiance bon enfant, à l’exploit des bleus du ballon rond. Comme un parfum de 98, pour beaucoup. La psychologie d’un peuple tient à peu de choses : panem, circenses
Trois semaines de labeur avant une quinzaine de jours à s’ébattre vers Brive-la-Gaillarde : des vacances au vert pour se ressourcer.
Rien de transcendant, certes, mais une douceur de vivre sans pareille : cela vaut tous les dépaysements, toutes les improvisations exotiques… A jauger les décennies parcourues, rien ne me sied mieux que le rythme de vie actuel. La raison de l’expérience, sans doute.
André B m’a encore gardé un article sur l’ouvrage de Philippe Delerm consacré à Léautaud. Voilà la démonstration d’un service de presse efficace que n’aura pas connu mon essai sur l’aristocratisme libertaire chez ce bourru redécouvert par la presse.
Mes projets littéraires demeurent bien modestes, et dans l’ombre totale : poursuivre ce journal malgré sa piètre coloration, nourrir de ses pages des blogs sans doute trop chargés car n’acceptant plus de nouvelles illustrations, finir des paroles de L’onde émeraude sur l’air de La chasse aux papillons de Brassens, en hommage aux quarante ans de mariage du couple B. Les quatre premiers quatrains déjà rédigés à l’occasion du repas pris au château de Clermont (dit château de Funès) : les quatre derniers s’axent vers le second acte des célébrations, à Caluire, fin août. Voilà résumé la minime effervescence créative qui irrigue mes loisirs.

Samedi 8 juillet
Veille de communion nationale. Pour une résurgence de l’esprit 98 : au regard des violences primaires entretenues aux quatre coins d’un hexagone illusionné, on peut douter de l’œcuménisme footballistique. Les jeux du peuple ne contentent plus les primaires de la guérilla urbaine. Prétexte du sport pour déchaîner l’instinct destructeur ou l’affalement grégaire.
Reconnaissons la talentueuse résurrection des onze tricolores pour qui l’ingratitude journalistique, emboîtée par quelques supporters mal lunés, a été finalement bénéfique. Les charges de la presse étrangère ont créé la transcendance des joueurs. Pour le reste, folklore habituel des braillards.
Depuis le Red pour rédiger, immergé dans la nimbe de sons : un classique italien contraste avec l’humeur franco-française. Le hasard me met face à deux Italiennes (l’une serait journaliste) qui me snobent.
Surcharge du Lion rouge qui nous fait perler la sueur sans effort. Et l’on poursuit : tour de chants de fraîcheur datée. Surnombre qui défoule les glandes sudoripares et tarit l’inspiration.
Blogs gelés depuis quelques semaines, faute de réaction vive à l’actualité. La focalisation du premier plan médiatique sur la baballe au but…
Un ‘tit air italien pour contenter les quelques visiteurs de la Botte. J’apprends que l’une des deux interlocutrices travaille à Euronews et connaît très bien le chef d’édition, ami de Pedro, ayant même assisté à son mariage. Pas pour autant d’accroche pour poursuivre la conversation.
Petite accalmie dans l’agitation pour du slow en baume apaisant. Râteau de la soirée pour bien pimenter mon humeur réfractaire. Des envies de carotides mâchées, de tronches explosées, de déflagrations al quaïdiennes.
Pas ces lignes qui figureront dans ma sélection pamphlétaire.
Intermède des tubes à fond pour échauffer un peu plus le coin. Un gros lard s’incruste quelques secondes à notre bar…
Bien plus passionnant pour la réflexion, les soubresauts provocateurs de la Corée du Nord : baroud d’honneur, dérapage contrôlé ou improvisation déjantée ?

Samedi 22 juillet, 23h30
Premier jour de vacances à Lagleygeolle, au hameau des Ortheils, signe du relâchement total. Découverte du lieu enchanteur par ses volumes, ses lieux à vivre, sa piscine attractive et son panorama divin. Les propriétaires bailleurs nous accueillent avec toute la gentillesse espérée. Les journées et soirées à venir devraient nous combler.

Dimanche 23 juillet
Avant 9h : profiter de la piscine, en solitaire, avec les légendes du jazz en fond sonore, un ciel bleu à ravir et un sofa pour récupérer de l’effort.
Hier soir, dîner à Collonges-la-Rouge, vers l’église, sur une charmante place sans surcharge humaine. Le débat polémique (voire hystérique) du moment : les interventions militaires d’Israël sont-elles légitimes, disproportionnées ou gratuitement criminelles ? Le conflit israélo-palestinien, dans sa version élargie en l’espèce, échauffe toujours les esprits. Dans les pro-Palestiniens compréhensifs pour les actions violentes du Hezbollah et du Hamas : ma BB et Jim ; dans une défense mesurée d’Israël : papa et moi ; en observatrices plus ou moins attentives : Anna et Aurélia.
23h30. Journée dans cette demeure estivale à se partager entre baignade, bronzette, jeux d’eau, badminton, lecture de La tragédie du Président de Giesbert, le tout sous l’astre chauffant.

Mardi 25 juillet
Rarement je n’ai ressenti un tel vide pour écrire. L’impression de n’avoir plus rien à apporter, me contentant de fadaises crétinisantes sur le temps, des faits matériels sans intérêt et des analyses de comptoir. Bon pour la casse, le gars.
Même un sujet majeur comme la lutte Hezbollah-Israël ne réveille plus rien en moi. Retiré du monde et de toute espèce d’ambition, je vivote gentiment.
Temps orageux sur la Corrèze : les mouches m’emmerdent.
Hier, visite du gouffre de Padirac : de bon aloi avec la fournaise ambiante. D’impressionnantes dimensions au fond desquelles sinue une rivière. Beau.
Voilà ce qui monopolise ma faiblarde inspiration ! Juste histoire de continuer à noircir ces pages, à les numéroter consciencieusement pour atteindre vaillamment, dans quelques jours ou quelques semaines, les mille quatre cents pages manuscrites pour le corps principal, c’est-à-dire sans tenir compte des Manus portables.
Pour revenir à du personnel, l’entente est correcte au sein du groupe familial, malgré quelques conversations musclées et échanges tendus. Les espaces à disposition sont assez vastes pour avoir ses zones de retrait, de solitude cultivée…
Hier soir, les C., loueurs des lieux, nous invitent à un apéritif dînatoire bien agréable. Des gens charmants, généreux, ayant vécu aux quatre coins du monde, et notamment dans plusieurs territoires d’Outre mer français, comme la Polynésie et Wallis et Futuna. On sent chez eux comme un regret d’avoir dû abandonner ces contrées pour s’installer dans la France métropolitaine profonde. Leurs apéritifs locaux (châtaigne, framboise, pêche, abricot…) et leur vin paillé ont comblé nos sens gustatifs.

Vendredi 28 juillet
La Corrèze sous la bruine : tristounet comme les prolongements vocaux d’Alanis Morrissette que j’écoute à l’instant (How Long). La France retrouve peu à peu des températures en phase avec le label en perdition de pays à climat tempéré.
Si je voulais verser dans l’anti-américanisme primaire, tant abhorré par le regretté Revel, l’actualité sportive me fournirait l’abondance des munitions. Non content d’être les champions cyniques de la pollution planétaire, les Ricains récidivent en crottant notre plus populaire événement estival. Comme le souligne une plume acérée de la presse du jour, le fait d’avoir en champion du Tour de France un ex paralytique, qui succède à un cancéreux reconverti sept fois vainqueur, devait nous rendre soupçonneux ou pour le moins circonspect. Et voilà l’affaire au goût de testostérones : Floyd Landis ne doit sa résurrection d’une étape l’autre, saluée alors unanimement par une presse encore trop naïve, qu’à quelque méprisable ingestion, application ou injection d’hormones salvatrices. Après un Armstrong bien plus talentueux (et avec bien d’autres moyens financiers pour la sophistication du dopage) pour demeurer à jamais comme présumé propre, l’Américain 2006 se répand dans la grossière tricherie. « Pôvre couillon ! » a-t-on envie de lui asséner. Sa réserve face à la presse, lors de l’épreuve, ne tenait pas, comme son écurie avait tenté de le justifier, à un goût prononcé pour l’isolement spirituel régénératif (on sait maintenant la senteur bien plus prosaïque de ses sources roboratives), mais au souci d'éviter une grosse gourde en forme d’aveu anticipé de cet esprit faible.
Ne jouons pas pour autant les mijaurées ébouriffées par ce pseudo scandale. La pratique dépasse de très loin le cas du seul pauvre Landis trahi par cette suspecte transfiguration d’un jour sur l’autre.
Bien plus grave, au point que B.-H. Lévy se fende d’un voyage médiatisé avec paroles prophétiques dans sa besace : la guerre Tsahal-Hezbollah. Sentant la bonne récupération à faire, la tentaculaire vermine Al Qaïda, accessoirement d’obédience sunnite, appelle à l’union avec les chiites pour éradiquer le juif, puis, sans doute, sur sa lancée, l’occidental. Peu importe les charretées de musulmans chiites écharpés par des attentats sunnites, l’occasion fait le sinistre larron et les fanatismes se retrouvent pour ces macabres déchaînements de violence toujours recommencés.
En France, les hypocrisies se cultivent en couches. Tout en condamnant le terrorisme, nous acceptons comme des pleutres les discours, ou les simples allusions complaisantes, d’une partie croissante de nos populations d’origine maghrébine ou versées dans la religion musulmane aux relents islamistes, pour les djihads démultipliés depuis le vrai coup d’envoi crédible, un certain 11.09.
Comment accepter cela, de la part de ceux qui jouissent de notre forme de vie, de la souplesse tolérante de notre civilisation version XXIe siècle, alors que le projet des intégristes de l’Islam est l’éradication de notre monde ? Si l’ampleur terrorisante devait s’épanouir jusqu’à cette redoutée guerre des civilisations, chacun devrait choisir clairement son camp, et non verser dans l’allusif tendancieux qui tend à faire d’un salopard sanguinaire, et de ses sbires islamisés, des parangons de l’espérance pour tout musulman. Infecte déviance rampante à dénoncer sans circonvolution.
Prenons l’exemple de figures artistiques populaires comme Jamel Debbouze ou Samy Naceri, je suis certain que leur aversion pour les Etats-Unis, pourtant forme majeure de la civilisation occidentale qui a permis leur réussite, n’a pas d’équivalent de rejet, chez eux, pour la nébuleuse du repoussant Ben Laden. On peut même soupçonner certains d’une forme d’admiration (ou tout au moins de fascination) pour ces tueurs d’Occidentaux. Tout cela dans le non-dit, l’insinué, le suggéré dans un sourire méprisant pour ce qui fonde notre forme laïque d’organisation.

Samedi 29 juillet
Nous fêtons ce soir, dans un restaurant de Brive, l’anniversaire d’Anna.
Journée physique sur des canoës le long de la Dordogne. Des rives sauvages, une eau peuplée de longues herbes folles qui forment, par endroits, un tapis vert aquatique irrégulier. Les occupants changent au gré des kilomètres, mais certains souffrent : ma BB éclatera en sanglots après quelques efforts vains pour diriger l’embarcation qu’elle occupait avec Anna. Pour le reste, du plaisir à glisser sur ces eaux.
L’ouvrage de Giesbert édifie sur les mœurs politiques français : autour de la figure contrastée de Jacques Chirac, une flopée de portraits, souvent vitriolés, des seconds rôles voulant, pour certains, occuper l’avant scène. Le Villepin, notamment, apparaît comme un carnassier prêt au massacre pour combler ses ambitions pantagruéliques. D’autres évocations, plus touchantes, humanisent le personnel politique, et notamment son plus haut représentant : ainsi l’anorexie de Laurence, la fille aînée du président qui, après nombre de tentatives de suicide, ne survivra pas à une défénestration. Le chagrin de cette perte n’a pas, malgré tout, entamé sa gourmandise politique.
La rentrée réservera de saignantes tactiques pour éliminer les concurrents de son propre parti, avant de pouvoir se colleter aux autres. 2002 semble n’avoir servi à rien, car le nombre de candidats qui se profile s’apparente à celui affiché l’année du cataclysme politique au premier tour. Lorsqu’il faut sonner le tocsin sur les grands principes, les politiques se bousculent ; mais dès qu’il faut renoncer à ses propres ambitions pour honorer ces mêmes valeurs, la zone se clairsème au point de désertification. Une gestion schizophrène qui empêche toute expérience de servir dans ce domaine.

Dimanche 30 juillet
Jim et Aurélia partis ce matin vers Fontès via Le Puy-en-Velay pour honorer la tombe de son père mort à quarante ans dans un accident de voiture, probablement ivre au volant.
Une suite de délices culinaires Chez Francis, le restaurant branché, mais cossu, de Brive-la-Gaillarde. Entrée de gourmandises aux saveurs diverses, tartare d’exception à la qualité limousine, préparé au couteau pour préserver tout le relief du goût, sorbet au fromage blanc sur vrai coulis de fruits rouges et saupoudré de brownies maison. Ce restaurant officie depuis quinze ans et ses parties planes (murs, boiseries, plafonds) se couvrent de notations laudatives de gens célèbres, notoires ou reconnus localement. La foire aux livres et les dîners d’après-spectacle ont assuré à l’antre joyeuse des signatures de VIP : de Daniel Prévost à Wolinski, de Pierre Vassiliu au regretté critique gastronomique Petitjean. On retrouve même, en haut d’un des murs, un petit mot de Karine Duchochois, l’un des acquittés d’Outreau reconverti en vedette des médias. La plume, ou le feutre en l’occurrence, de B.-H. Lévy s’est contenté d’un « je m’est bien régaler » avec cette trouvaille si philosophique de fautes à la Omar. Quel effort !
20h. Journée de récupération aux Orteils entre soleil, lecture et somnolence, après la dépense physique de la veille. Une certaine mollesse en moi. Comme de l’insatisfaction insidieuse. L’abandon de toute carrière brillante me minerait-il au fond ? Plus simplement mon caractère, quelle que soit la situation.
Loin des yeux, loin du cœur, le dicton se confirme pour certaines amitiés bien silencieuses depuis leur éloignement de Lyon. Shue et Liselle, notamment. Je me dois de relancer le contact, mais ce ne sera pas par le biais d’une carte postale depuis la Corrèze, n’ayant pas ici leur dernière adresse respective. Enfin voilà, la banalité du soir…
Le phénomène Sudoku supplante les traditionnels mots croisés et confirme la niaiserie de mon esprit en matière de chiffres.

Lundi 31 juillet
A mi chemin des mois dits de grandes vacances et à la moitié dépassée de notre pause estivale, le rythme se ralentit.
Vu, hier soir, le père Ardisson pour sa dernière de Tout le monde en parle enregistrée début juillet par le père d’Anna sur une cassette vidéo de type 180, malheureusement trop court pour nous conduire jusqu’au bouquet final de l’émission avec le maousse Blind test.
Nombre de ses complices présents pour lui rendre hommage et faire leur promo respective ; une bonne part des salariés vedettes de Canal + où il doit faire sa rentrée. Même si je ne suivais quasiment plus son émission hebdomadaire, il faut reconnaître son apport de liberté dans le PAF, avec son talentueux complice Baffie, un peu dans la même veine, par le souffle délivré, que Michel Polac et son Droit de réponse ou Jacques Martin avec Le Petit Rapporteur : l’irrévérence, l’assise intellectuelle, la créativité. Au zénith, le voilà viré par le psychorigide Patrick de Carolis (autre signataire sur le plafond de Chez Francis) pour mettre fin aux cumulards de la TV.
Un peu comme en politique, certains se taillent de belles parts dans les plages horaires des chaînes. Sur le simple plan juridique, le président de France Télévision a donc eu raison de remettre de l’ordre en demandant à Ardisson de choisir entre Paris Première et sa place dans le secteur public. En revanche, dans l’optique richesse télévisuelle, cette décision porte un sale coup aux niches originales face au rouleau compresseur des émissions de masse et de merde.
Ruquier doit récupérer la plage horaire du samedi soir : cela évitera une série américaine de plus ou une bouse de télé-réalité.
Le conflit Tsahal-Hezbollah n’en finit pas de détruire et de tuer. Dès que l’on tente une réflexion sur les justifications respectives, on ne peut raisonnablement donner raison à une partie contre l’autre. J’ai pourtant tendance, contrairement à la tonalité dominante des médias français, à exécrer l’arrière cuisine idéologique du Hezbollah : jamais Israël, ou les religieux juifs, n’ont appelé à l’éradication de la civilisation chrétienne ; c’est, au contraire, le leitmotiv sous-jacent de la démarche des mouvements intégristes et terroristes. Rien à faire, je me sens ennemi de ces groupes, même s’il faut reconnaître le martyre des populations palestiniennes et aujourd’hui libanaises.

Août

Mardi 1er août
Départ pour la journée : visite des quelques cascades vers Tulle.
Bilan des portraits politiques de Giesbert : de Villepin apparaît comme le plus détestable, imbu de lui-même, et son discours off le plus en décalage avec sa tartine démagogique officielle. Habitude langagière révélatrice du personnage : tout ramener au fait « d’en avoir ou pas… » dans le pantalon. Le critère des gonades semble être l’alpha et l’oméga de son sens critique. Des couilles plein la bouche, il en sert à ses interlocuteurs en coulisse, certain d’être lui-même doté des plus impressionnants spécimens… Le désastre du CPE, cette piteuse retraite en rase campagne, a révélé la texture et le contenu de baudruche des testicules du Premier ministre, tout juste calibrés pour jouer aux billes. Exit le mauvais poète des roubignolles !
Petit tour aux cascades de Gimel pour voir l’écume jaillissant au sortir d’un goulot rocheux. Grisaille et vent pour cette soirée.

Cette nuit, l’un des rêves m’a ramené vers l’attachante figure d’Alice. Que devient-elle ? Emouvant de se remémorer les complicités partagées. Terrible de songer aux années qui défilent sans pouvoir lui témoigner de mon affection toujours vive. Sans conteste celle qu’il me coûte le plus de ne pas revoir même si, probablement, je ne pourrais retrouver la silhouette et le caractère connus. Et dire que la dernière fois que je l’ai vue, à Misery, dans une extrême tension, elle m’a lancé, profitant d’un départ dans la cuisine de son compagnon, « pourquoi ne m’as-tu pas sautée ? » ce qui aurait effectivement évité qu’elle ne s’écarte si tôt et que je doive choisir (provisoirement) mon camp. Derrière l’expression triviale, une vraie déclaration de sentiments que je n’avais jamais osé imaginer avant. Quel gourdiflot je faisais alors ! Ce trop plein de respect pour tout ce qui était lié affectivement à Heïm avait fini par annihiler en moi toute initiative sensuelle. Je songe à cette soirée dans nos bureaux, revenus à pied, sous la pluie battante, de Chaulnes au château d’O. Rien n’aurait empêché un débordement charnel, sauvage. Mes putains d’étriqués principes d’alors (j’étais avec Cathou) m’ont privé d’une densité fusionnelle accomplie avec celle que je chérissais en secret. Voilà de la confession de diariste…
18h. Je devrais bien, à terme, m’approprier toute cette période pour casser le béni-oui-oui de l’époque et remettre en complexité ces tranches de vie singulières. Ni rejet, ni idolâtrie, mais sans doute rééquilibrage en faveur des personnes de l’entourage de Heïm.
Plus de nouvelles de Sally, sans doute vexée après avoir appris mon message à la compagne de Karl sur le non désir d’une réunion avec elle et BB en même temps. Mon détachement se confirme : nullement affecté par ce silence et sans enclin pour le rompre. Ce suivi en dents de scie me lasse.


Mercredi 2 août

Castro : castrateur de Cuba
L’Humanité, le journal communiste français, n’a rien changé de sa complaisance envers les régimes autoritaires à étiquette rouge.
Ce matin, la revue de presse sur France Inter rapporte les analyses sévères des quotidiens hexagonaux sur le cas Castro (hospitalisé récemment) et l’Etat policier, mis en place par ce flamboyant escroc idéologique, avec sources de renseignements sur les écarts des citoyens dans chaque pâté de maisons.
Toute la presse ? Non. Un petit journal aux résurgences marxistes éculées cultive sa résistance à la lucidité et à la vérité sous couvert du factuel. Les faits matériels du moment, rien que cela : aucun bilan du régime cubain, de la fortune amassée par Fidel sur le dos du peuple, des emprisonnements arbitraires, des tortures révolutionnaires, de la corruption généralisée, de la ruine d’un pays victime de la folie communiste.
Je rappelle que cette idéologie a engendré bien plus de cadavres, et de très loin, que les nazisme et fascisme réunis, car elle a avancé sous le masque de la générosité factice pour les plus modestes. Un rapt, en fait, de plusieurs dizaines de pays durant quelques décennies.
Les empaillés du XXIe siècle, Corée du Nord et Cuba, poursuivent le grand œuvre des Lénine, Staline, Mao and Cie inspirés par les idéologues barbus qui en rappellent d’autres pour cet art de la manipulation du peuple en vue de combler des intérêts personnels de pouvoir et de volonté de toute puissance.
Ces extrémismes idéologiques (communisme, nazisme, intégrisme religieux) se nourrissent du projet d’éradiquer une partie de l’humanité ne correspondant pas à leur projet messianique. Comment un titre de la grande presse française, maintenu à flots financiers à coups de subventions et d’avantages fiscaux, peut-il encore, même hypocritement, soutenir le régime castriste, insulte à tous les droits de l’homme dont les journalistes de ce journal se rengorgent dès qu’un Sarkozy prend une décision dans la gestion des flux migratoires ?
Là, on s’indigne, on crie à la dérive autoritaire, au fascisme perlant ! Quelle rigolade ! Quelle honte pour ces plumitifs du communisme qui ne lèveront pas leur plume contre les dizaines de milliers d’assassinats étatiques commandités par Fidel Castro, don Quichotte sanguinaire, vieille garde des barbares qui empuantissent l’humanité.

Comment peut-on encore accepter qu’un si beau terme, l’humanité, baptise un torche-cul qui essuie, en détournant les yeux, les flaques de sang et de larmes que verse le peuple cubain depuis les débuts de la feue guerre froide ? Et l’on croyait cette période renvoyée à la préhistoire : c’était sans compter l’acharnement des tyrans de Cuba, Corée du Nord et (dans une moindre mesure ?) Chine.
Et puis le marxisme a sa relève dans l’oppression des esprits : le ben ladénisme insuffle sa terreur par la soumission à ses diktats via des manipulés décervelés…

Jeudi 3 août
Hier soir, apéritif joyeux avec les C. et le couple Barbara-Jean-Luc arrivés de Lyon. Les quatre litres de Soupe (pétillant, Cointreau, sucre de canne et Pulco citron jaune) ont eu leur effet : fin dans la piscine et à sept dans un jacuzzi censé accueillir trois personnes au maximum.
20h. De retour de vingt-sept kilomètres en kayak avec de légers rapides. Pour ma BB et moi, presque une formalité : nous devions ralentir notre rythme pour ne pas semer l’autre duo engagé dans l’aventure sur Dordogne. Mon père et Alex ont, eux, moins apprécié le dernier tiers. Les fréquents râlages du pater contre son bidon étanche mal fixé, contre les manœuvres maladroites de son fils, ont quelque peu entaché l’ambiance bucolique du parcours.

Vendredi 4 août
Râleur : voilà un trait de caractère hérité de mon père et que je dois combattre. Cette tendance je la sens comme une vague dès qu’une contrariété se profile, alors que la voie zen serait tellement plus agréable.
Ce matin, très agréable tournée avec le sieur C., comme guide averti, pour acheter quelques produits du coin avec la garantie d’une qualité authentique. Premier arrêt pour le vin paillé : une octogénaire en pleine santé, du charme et de la vie dans le visage, nous accueille dans sa cuisine pour nous faire goûter le nectar couleur café, produit par le couple dans la confidentialité (car dans l’irrespect des normes étriquées en vigueur). Nous repartons avec nos bouteilles et un plein sac de reines-claudes données par cette charmante femme. Second arrêt dans une propriété aux vieilles pierres : foie gras, huile de noix et farine de production locale viennent s’ajouter au breuvage d’exception.
Fait du bien de se plonger dans la généreuse France profonde, un peu bougonne mais préservant l’essentiel des identités locales.
Sur le retour, Monsieur C. nous compte quelques faits liés à la terrible division Das Reich passée dans la région. Aux alentours de Lagleygeolle quelques maisons brûlées pour dénicher des Francs Tireurs Partisans, notamment sur la petite route nous menant à Collonge-la-Rouge. Pas de sang d’otages versés, notamment des dizaines d’enfants capturés puis relâchés faute de maquisard déniché. Bien plus macabre, et restée dans les livres d’histoire, la centaine de pendaisons à Tulle : les hommes du lieu se passant la corde au cou les uns des autres, un officier nazi doit se charger de trucider le centième : le bougre se rebiffe et entraîne l’exécuteur dans la Dordogne. Bilan exact : quatre-vingt dix neuf pendus et deux noyés. Le prisme localier de la grande histoire apporte une saveur presque charnelle aux événements qui pourraient nous paraître lointains.

Dimanche 6 août
Semaine de trente-six heures de FFP. De la rentrée de gros calibre avant le week-end de quatre jours.
Bilan de ces quinze jours : agréables en tous points, mais un bémol de taille, les râlages de mon père, pour tout et rien. L’âge qui passe semble amplifier son penchant à vouloir avoir le dernier mot, à gâcher une ambiance, un départ, un moment. Il faudrait qu’il en prenne conscience pour ne pas rendre insupportable le quotidien de ses proches.
Pour moi, une quinzaine c’est bien assez, malgré toute l’affection que je lui porte. La démonstration de l’inanité a été éclatante lord de la journée kayak. Le pauvre Alex a dû subir à intervalle régulier ses hausses de voix pour ce qui devait être d’abord un moment de détente. Dur à supporter, même comme un simple témoin auditif.
Il n’accepte pas son âge et les pontages subis : à la fin de la longue remontée des cascades visitées, il refuse que je le photographie haletant, me lançant un « tu verras quand tu auras mon âge et mes pontages ! » d’un air excédé. Quel curieux manque d’auto-dérision… En outre, personne ne lui a imposé de fumer et de ne pas avoir la volonté pour arrêter totalement (deux-trois par jour durant le séjour) malgré la menace qui pèse sur lui.
Analyse de sa personnalité à approfondir une prochaine fois.
Retour à la préparation de ma rentrée avec un tour d’actualité rapide.

Mardi 15 août
Salle peu remplie pour le Vol 93, sur les écrans depuis quelques semaines, avant la sortie à tapage du film d’Oliver Stone sur le 11.09.01.
Pour une fois, une résolution de l’ONU fait taire immédiatement les armes et produits explosifs divers au Proche-Orient. Peut-être pas très longtemps, mais ce seul fait change du peu d’efficacité habituelle. Le consensus des grandes puissances face à des puissances faibles (le Liban !) et moyennes a certainement permis ce résultat.

Vendredi 18 août
Ciel tout bleu au parc de la tête d’Or après une purge nocturne par l’efficace duo du vent violent et de l’orage tonitruant.
Je viens, enfin, de mettre un terme à ma négligence épistolaire. L’urgence du temps qui défile, de ces disparitions prématurées de gens auxquels on se sent lié à distance, et malgré les silences prolongés, n’engendre pas toujours la réactivité requise… ou trop tard.
Appris hier soir le décès, à 61 ans, de Bernard Rapp « des suites d’une longue maladie » selon la formule pudique consacrée (France Inter, à 6h30 ce matin, a rompu le principe de discrétion en précisant qu’il s’agissait d’un cancer des poumons).
Finesse du personnage à la culture et aux activités éclectiques, je me souviens avoir suivi quelques numéros de l’Assiette anglaise où régnait, avec ses joyeux complices, une vraie symbiose enthousiaste. Il avait également participé à la magnifique série (que j'ai trop sporadiquement suivie) d’Un siècle d’écrivains.
Plutôt intellectuellement peiné de cette brièveté de vie pour un homme discret et certainement très fidèle en amitié.
Cette triste actualité a rendu plus prégnante la nécessité d’écrire à deux de mes professeurs : Mme Hélène Sabbah qui vient de prendre sa retraite, et surtout M. Jean Roncière qui, je l’espère, vit pleinement ses années de vieillesse. A moins que, pour lui, je m’y prenne trop tard…
Comme figures universitaires, c’est à Jean Gicquel pour le droit, et à Marc Dambre pour les lettres modernes, qu’il faudrait que j’adresse un mot avant, là encore, que l’emprise du temps ne me les rende inaccessibles.
Le Liban semble émerger du chaos où les belligérants Tsahal-Hezbollah l’avaient étouffé. L’armée libanaise commence à se déployer dans le sud du pays : ce qui, pour tout pays souverain, relève de la basique normalité, prend ici une résonance exceptionnelle.
La France prendrait la tête d’une FINUL dopée pour culminer à quinze mille
casques bleus (contre deux mille aujourd’hui), mais elle veut toutes les garanties de sécurité pour ne pas prendre la bourbeuse voie dans laquelle pataugent les Etats-Unis à quelques encablures de là. Une présence pour la gloriole internationale, mais pas pour voir quelques-uns de nos militaires revenir dans des bags. De l’engagement, oui, mais sans risque. Voilà la philosophie de la France, super puissance de la parole, de l’agitation diplomatique ; très moyenne puissance en matière de poids effectif. Me voilà bien sévère contre ma patrie aujourd’hui. Réflexion à remettre sur l’établi sans tarder.

Samedi 19 août
23h. Désert le Saint-Louis, bien plus ventilé que le Red qui cultive la surchauffe au point de liquéfier les visiteurs.
Retour dans cet antre rouge : disposition des sièges modifiée pour un gain de place sur la piste dansante. La surface du Saint-Louis s’augmente par une mezzanine, mais l’orientation demeure intimiste. La rythmique diffusée survole de très loin ce que peut entrevoir le Red : les accents groove enivrent et me laisse prendre la voix au jeu de l’impro.