Août

Mardi 1er août
Départ pour la journée : visite des quelques cascades vers Tulle.
Bilan des portraits politiques de Giesbert : de Villepin apparaît comme le plus détestable, imbu de lui-même, et son discours off le plus en décalage avec sa tartine démagogique officielle. Habitude langagière révélatrice du personnage : tout ramener au fait « d’en avoir ou pas… » dans le pantalon. Le critère des gonades semble être l’alpha et l’oméga de son sens critique. Des couilles plein la bouche, il en sert à ses interlocuteurs en coulisse, certain d’être lui-même doté des plus impressionnants spécimens… Le désastre du CPE, cette piteuse retraite en rase campagne, a révélé la texture et le contenu de baudruche des testicules du Premier ministre, tout juste calibrés pour jouer aux billes. Exit le mauvais poète des roubignolles !
Petit tour aux cascades de Gimel pour voir l’écume jaillissant au sortir d’un goulot rocheux. Grisaille et vent pour cette soirée.

Cette nuit, l’un des rêves m’a ramené vers l’attachante figure d’Alice. Que devient-elle ? Emouvant de se remémorer les complicités partagées. Terrible de songer aux années qui défilent sans pouvoir lui témoigner de mon affection toujours vive. Sans conteste celle qu’il me coûte le plus de ne pas revoir même si, probablement, je ne pourrais retrouver la silhouette et le caractère connus. Et dire que la dernière fois que je l’ai vue, à Misery, dans une extrême tension, elle m’a lancé, profitant d’un départ dans la cuisine de son compagnon, « pourquoi ne m’as-tu pas sautée ? » ce qui aurait effectivement évité qu’elle ne s’écarte si tôt et que je doive choisir (provisoirement) mon camp. Derrière l’expression triviale, une vraie déclaration de sentiments que je n’avais jamais osé imaginer avant. Quel gourdiflot je faisais alors ! Ce trop plein de respect pour tout ce qui était lié affectivement à Heïm avait fini par annihiler en moi toute initiative sensuelle. Je songe à cette soirée dans nos bureaux, revenus à pied, sous la pluie battante, de Chaulnes au château d’O. Rien n’aurait empêché un débordement charnel, sauvage. Mes putains d’étriqués principes d’alors (j’étais avec Cathou) m’ont privé d’une densité fusionnelle accomplie avec celle que je chérissais en secret. Voilà de la confession de diariste…
18h. Je devrais bien, à terme, m’approprier toute cette période pour casser le béni-oui-oui de l’époque et remettre en complexité ces tranches de vie singulières. Ni rejet, ni idolâtrie, mais sans doute rééquilibrage en faveur des personnes de l’entourage de Heïm.
Plus de nouvelles de Sally, sans doute vexée après avoir appris mon message à la compagne de Karl sur le non désir d’une réunion avec elle et BB en même temps. Mon détachement se confirme : nullement affecté par ce silence et sans enclin pour le rompre. Ce suivi en dents de scie me lasse.


Mercredi 2 août

Castro : castrateur de Cuba
L’Humanité, le journal communiste français, n’a rien changé de sa complaisance envers les régimes autoritaires à étiquette rouge.
Ce matin, la revue de presse sur France Inter rapporte les analyses sévères des quotidiens hexagonaux sur le cas Castro (hospitalisé récemment) et l’Etat policier, mis en place par ce flamboyant escroc idéologique, avec sources de renseignements sur les écarts des citoyens dans chaque pâté de maisons.
Toute la presse ? Non. Un petit journal aux résurgences marxistes éculées cultive sa résistance à la lucidité et à la vérité sous couvert du factuel. Les faits matériels du moment, rien que cela : aucun bilan du régime cubain, de la fortune amassée par Fidel sur le dos du peuple, des emprisonnements arbitraires, des tortures révolutionnaires, de la corruption généralisée, de la ruine d’un pays victime de la folie communiste.
Je rappelle que cette idéologie a engendré bien plus de cadavres, et de très loin, que les nazisme et fascisme réunis, car elle a avancé sous le masque de la générosité factice pour les plus modestes. Un rapt, en fait, de plusieurs dizaines de pays durant quelques décennies.
Les empaillés du XXIe siècle, Corée du Nord et Cuba, poursuivent le grand œuvre des Lénine, Staline, Mao and Cie inspirés par les idéologues barbus qui en rappellent d’autres pour cet art de la manipulation du peuple en vue de combler des intérêts personnels de pouvoir et de volonté de toute puissance.
Ces extrémismes idéologiques (communisme, nazisme, intégrisme religieux) se nourrissent du projet d’éradiquer une partie de l’humanité ne correspondant pas à leur projet messianique. Comment un titre de la grande presse française, maintenu à flots financiers à coups de subventions et d’avantages fiscaux, peut-il encore, même hypocritement, soutenir le régime castriste, insulte à tous les droits de l’homme dont les journalistes de ce journal se rengorgent dès qu’un Sarkozy prend une décision dans la gestion des flux migratoires ?
Là, on s’indigne, on crie à la dérive autoritaire, au fascisme perlant ! Quelle rigolade ! Quelle honte pour ces plumitifs du communisme qui ne lèveront pas leur plume contre les dizaines de milliers d’assassinats étatiques commandités par Fidel Castro, don Quichotte sanguinaire, vieille garde des barbares qui empuantissent l’humanité.

Comment peut-on encore accepter qu’un si beau terme, l’humanité, baptise un torche-cul qui essuie, en détournant les yeux, les flaques de sang et de larmes que verse le peuple cubain depuis les débuts de la feue guerre froide ? Et l’on croyait cette période renvoyée à la préhistoire : c’était sans compter l’acharnement des tyrans de Cuba, Corée du Nord et (dans une moindre mesure ?) Chine.
Et puis le marxisme a sa relève dans l’oppression des esprits : le ben ladénisme insuffle sa terreur par la soumission à ses diktats via des manipulés décervelés…

Jeudi 3 août
Hier soir, apéritif joyeux avec les C. et le couple Barbara-Jean-Luc arrivés de Lyon. Les quatre litres de Soupe (pétillant, Cointreau, sucre de canne et Pulco citron jaune) ont eu leur effet : fin dans la piscine et à sept dans un jacuzzi censé accueillir trois personnes au maximum.
20h. De retour de vingt-sept kilomètres en kayak avec de légers rapides. Pour ma BB et moi, presque une formalité : nous devions ralentir notre rythme pour ne pas semer l’autre duo engagé dans l’aventure sur Dordogne. Mon père et Alex ont, eux, moins apprécié le dernier tiers. Les fréquents râlages du pater contre son bidon étanche mal fixé, contre les manœuvres maladroites de son fils, ont quelque peu entaché l’ambiance bucolique du parcours.

Vendredi 4 août
Râleur : voilà un trait de caractère hérité de mon père et que je dois combattre. Cette tendance je la sens comme une vague dès qu’une contrariété se profile, alors que la voie zen serait tellement plus agréable.
Ce matin, très agréable tournée avec le sieur C., comme guide averti, pour acheter quelques produits du coin avec la garantie d’une qualité authentique. Premier arrêt pour le vin paillé : une octogénaire en pleine santé, du charme et de la vie dans le visage, nous accueille dans sa cuisine pour nous faire goûter le nectar couleur café, produit par le couple dans la confidentialité (car dans l’irrespect des normes étriquées en vigueur). Nous repartons avec nos bouteilles et un plein sac de reines-claudes données par cette charmante femme. Second arrêt dans une propriété aux vieilles pierres : foie gras, huile de noix et farine de production locale viennent s’ajouter au breuvage d’exception.
Fait du bien de se plonger dans la généreuse France profonde, un peu bougonne mais préservant l’essentiel des identités locales.
Sur le retour, Monsieur C. nous compte quelques faits liés à la terrible division Das Reich passée dans la région. Aux alentours de Lagleygeolle quelques maisons brûlées pour dénicher des Francs Tireurs Partisans, notamment sur la petite route nous menant à Collonge-la-Rouge. Pas de sang d’otages versés, notamment des dizaines d’enfants capturés puis relâchés faute de maquisard déniché. Bien plus macabre, et restée dans les livres d’histoire, la centaine de pendaisons à Tulle : les hommes du lieu se passant la corde au cou les uns des autres, un officier nazi doit se charger de trucider le centième : le bougre se rebiffe et entraîne l’exécuteur dans la Dordogne. Bilan exact : quatre-vingt dix neuf pendus et deux noyés. Le prisme localier de la grande histoire apporte une saveur presque charnelle aux événements qui pourraient nous paraître lointains.

Dimanche 6 août
Semaine de trente-six heures de FFP. De la rentrée de gros calibre avant le week-end de quatre jours.
Bilan de ces quinze jours : agréables en tous points, mais un bémol de taille, les râlages de mon père, pour tout et rien. L’âge qui passe semble amplifier son penchant à vouloir avoir le dernier mot, à gâcher une ambiance, un départ, un moment. Il faudrait qu’il en prenne conscience pour ne pas rendre insupportable le quotidien de ses proches.
Pour moi, une quinzaine c’est bien assez, malgré toute l’affection que je lui porte. La démonstration de l’inanité a été éclatante lord de la journée kayak. Le pauvre Alex a dû subir à intervalle régulier ses hausses de voix pour ce qui devait être d’abord un moment de détente. Dur à supporter, même comme un simple témoin auditif.
Il n’accepte pas son âge et les pontages subis : à la fin de la longue remontée des cascades visitées, il refuse que je le photographie haletant, me lançant un « tu verras quand tu auras mon âge et mes pontages ! » d’un air excédé. Quel curieux manque d’auto-dérision… En outre, personne ne lui a imposé de fumer et de ne pas avoir la volonté pour arrêter totalement (deux-trois par jour durant le séjour) malgré la menace qui pèse sur lui.
Analyse de sa personnalité à approfondir une prochaine fois.
Retour à la préparation de ma rentrée avec un tour d’actualité rapide.

Mardi 15 août
Salle peu remplie pour le Vol 93, sur les écrans depuis quelques semaines, avant la sortie à tapage du film d’Oliver Stone sur le 11.09.01.
Pour une fois, une résolution de l’ONU fait taire immédiatement les armes et produits explosifs divers au Proche-Orient. Peut-être pas très longtemps, mais ce seul fait change du peu d’efficacité habituelle. Le consensus des grandes puissances face à des puissances faibles (le Liban !) et moyennes a certainement permis ce résultat.

Vendredi 18 août
Ciel tout bleu au parc de la tête d’Or après une purge nocturne par l’efficace duo du vent violent et de l’orage tonitruant.
Je viens, enfin, de mettre un terme à ma négligence épistolaire. L’urgence du temps qui défile, de ces disparitions prématurées de gens auxquels on se sent lié à distance, et malgré les silences prolongés, n’engendre pas toujours la réactivité requise… ou trop tard.
Appris hier soir le décès, à 61 ans, de Bernard Rapp « des suites d’une longue maladie » selon la formule pudique consacrée (France Inter, à 6h30 ce matin, a rompu le principe de discrétion en précisant qu’il s’agissait d’un cancer des poumons).
Finesse du personnage à la culture et aux activités éclectiques, je me souviens avoir suivi quelques numéros de l’Assiette anglaise où régnait, avec ses joyeux complices, une vraie symbiose enthousiaste. Il avait également participé à la magnifique série (que j'ai trop sporadiquement suivie) d’Un siècle d’écrivains.
Plutôt intellectuellement peiné de cette brièveté de vie pour un homme discret et certainement très fidèle en amitié.
Cette triste actualité a rendu plus prégnante la nécessité d’écrire à deux de mes professeurs : Mme Hélène Sabbah qui vient de prendre sa retraite, et surtout M. Jean Roncière qui, je l’espère, vit pleinement ses années de vieillesse. A moins que, pour lui, je m’y prenne trop tard…
Comme figures universitaires, c’est à Jean Gicquel pour le droit, et à Marc Dambre pour les lettres modernes, qu’il faudrait que j’adresse un mot avant, là encore, que l’emprise du temps ne me les rende inaccessibles.
Le Liban semble émerger du chaos où les belligérants Tsahal-Hezbollah l’avaient étouffé. L’armée libanaise commence à se déployer dans le sud du pays : ce qui, pour tout pays souverain, relève de la basique normalité, prend ici une résonance exceptionnelle.
La France prendrait la tête d’une FINUL dopée pour culminer à quinze mille
casques bleus (contre deux mille aujourd’hui), mais elle veut toutes les garanties de sécurité pour ne pas prendre la bourbeuse voie dans laquelle pataugent les Etats-Unis à quelques encablures de là. Une présence pour la gloriole internationale, mais pas pour voir quelques-uns de nos militaires revenir dans des bags. De l’engagement, oui, mais sans risque. Voilà la philosophie de la France, super puissance de la parole, de l’agitation diplomatique ; très moyenne puissance en matière de poids effectif. Me voilà bien sévère contre ma patrie aujourd’hui. Réflexion à remettre sur l’établi sans tarder.

Samedi 19 août
23h. Désert le Saint-Louis, bien plus ventilé que le Red qui cultive la surchauffe au point de liquéfier les visiteurs.
Retour dans cet antre rouge : disposition des sièges modifiée pour un gain de place sur la piste dansante. La surface du Saint-Louis s’augmente par une mezzanine, mais l’orientation demeure intimiste. La rythmique diffusée survole de très loin ce que peut entrevoir le Red : les accents groove enivrent et me laisse prendre la voix au jeu de l’impro.

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