Mars

Mardi 7 mars
Des ondes bénéfiques sur Internet. L’idée hasardeuse de retrouver la trace de Cécile Marchand, copine de lycée qui avait illustré mes poèmes dans le journal Point Virgule, vient d’aboutir. Après dix-huit ans, je découvre le site qui présente ses peintures : des hippos colorés dans toutes les postures (La Cène, par exemple), et diverses compositions de la plus attractive facture. Un message envoyé à l’intéressée, à tout hasard (l’homonymie me semblait plus vraisemblable, bien que son année et son lieu de naissance correspondent à la recherche). Quelques heures plus tard, courriel qui me confirme son identité… et hier soir long échange sur MSN pour se résumer notre large tranche de vie respective et se laisser porter par l’émotion (surtout moi !). Artiste reconnue, décorée, qui vend à travers le monde… une vraie réussite qui m’emplit de bonheur. Nous devons nous retrouver sur le net pour de fructueux échanges… Fin mars, lors de notre passage à Paris pour le mariage d’Aline (une autre, du lycée Galilée, qui est arrivée au sommet de son domaine) nous la verrons sans doute. Quelles retrouvailles !

Jeudi 9 mars

Les Croisés pour l'enlisement... ces péteux !
Le son estudiantin gronderait-il sur le parvis des universités françaises ? Nouvelle démonstration d’une cohorte de petits vieux prématurés qui défilent pour l’emploi à vie. Non contents de jouer aux autruches en occultant les réalités économiques (j’entendais ce soir une représentante d’un syndicat d’étudiants réclamer l’embauche massive de l’Etat, pour approfondir nos déficits abyssaux : l’idéal !), ils affichent une conception démocratique qui s’apparente à l’intimidation syndicale pour ceux qui veulent suivre leurs cours, voire qui ne partagent pas leurs analyses. Invocations aux cieux d’une économie florissante pour un plein emploi… et interdiction au gouvernement de toute initiative.
Ces ribambelles gigotantes risquent d’avoir raison du CPE, outil de plus à la trappe, histoire de s’enfoncer un peu plus dans le bourbier.
Le peuple français qui gâche la construction européenne, les gesticulateurs immatures (et pas forcément majoritaires chez les jeunes générations) qui empêchent toute modernisation des moyens socio-économiques : autant j’aime ce pays pour sa terre et son histoire, autant sa population m’écoeure davantage le temps passant. Alors pourquoi s’ingénier à approfondir ?
Aux Etats-Unis, l’islamiste français Moussaoui disjoncte et prend méchamment le chemin d’une sentence mortelle. Une détermination al qaidienne qui révulse tout partisan de la civilisation, mais laisse songeur sur nos propres lâchetés ou nos accommodements avec le pire. Notre président tout guimauve avec les potentats du régime autocratique saoudien s’accroche bien à sa tradition. Saddam Hussein doit peut-être se souvenir de sa chaleureuse poignée de main, quelques décennies plus tôt, comme celles de la plupart des pays occidentaux proclamés Etats de droit. Les infâmes règnent !

Lundi 13 mars, 22h55
Petit écart vers ces pages avant la petite mort quotidienne. Vu, avec ma BB, le Faites entrer l’accusé sur Roberto Succo – Succo le fou : mise en scène prenante du destin de ce tueur froid, peut-être schizophrène, sûrement en rupture avec cet univers pesant, du familial étouffant, du scolaire sans accroche, pour finir dans le massacre éperdu de ses parents, terme définitif à tout espoir de normalité. Entre dégoût et fascination, on retrouve un peu de notre sombre face dans le déjanté Succo.
Les Croisés pour l'enlisement... ces péteux !
Quel gouffre avec la pression des étudiants qui craignent la précarité qu’engendrerait le CPE. Là, seule obsession : la petite, médiocre, mais si rassurante stabilité de l’emploi, rengaine éculée des trente glorieuses, mais colportée par quelques esprits malhonnêtes et opportunistes. Dès demain, le cirque gesticulatoire reprend, avec l’attente forcenée d’un retrait d’une loi votée (49-3 ou pas, l’article majeur avait été accepté par la majorité des députés), bafouant ainsi le principe de la démocratie représentative.

Mardi 14 mars, 23h10
Peu d’enclin pour former les tartuffes de l’option Essor. Des bruyants pour l’essentiel, sans aucun sens de l’effort, cons et incultes, conditionnés par leur environnement minable… un dégueulis de chiotte… voilà l’image qui me reste de ce groupe bréneux.
Je ne peux pourtant pas m’adonner au massacre libérateur, donc j’assume la garderie pour arriérés, gueulant de temps à autre. Un mépris fondamental pour ces gras de la vie, sauf quelques exceptions. Quels tristes pitres, les autres !
L’actualité n’a rien de plus galvanisant : des rots estudiantins aux coups de boutoir israéliens, rien pour enflammer l’âme.

Samedi 18 mars
Les Croisés pour l'enlisement... ces péteux !
Se défaire un peu des rogatons sociaux qui se perdent autour des tentatives de réforme. Aurais-je délaissé mon penchant aux défoulements contre l’Etat ?
Sans doute les doléances pour ne surtout rien tenter, vagir contre l’abysse croissant et se raidir à toute amorce de comblement m’inclinent à défendre un geste qui pourrait, au minimum, recevoir le bénéfice du doute.
Avec Bayrou, la mise à bas de notre Constitution s’érige en voie salutaire. Lors de son passage au Franc parler, le centriste affûté semblait faire jubiler le caustique Giesbert.
L’exécutif subit l’effet panurge d’un grondement social. Tenir et s’ouvrir, le fil du pouvoir exige le pire pour de Villepin : se renier par le truchement d’une rue braillarde toujours minoritaire, mais qui tonne le gong médiatique avec l’entrain éperdu d’un âge révolu. La France se cloître dans de suicidaires certitudes. Ainsi, croire que le bon Etat providence doit financer à flot pour contrer les infâmes entrepreneurs arqués, chevillés, empalés sur l’appel du pire : le dévoiement systématique des outils sociaux proposés. Le CPE aurait comme seule raison d’être l’irrésistible congédiement du malheureux, de l’esclavagivisé salarié dans les 730 jours suivant son embauche. Certitude assénée par les Croisés pour l’Enlisement (amuseurs publics, au demeurant, pour leur détournement de l’abréviation vilipendée) que de considérer le gueux qui traîne, exploité a priori, formé accessoirement, comme la victime d’une salauderie patronale. Les relents prolétariens s’excitent devant tant de gorges capitalistes à trancher… Les archaïques s’ébrouent et empuantissent notre air !

Vendredi 24 mars
Relents de la presse sur l’ultra violence, désormais systématique pour toute manifestation, de meutes déterminées à terroriser ceux qu’ils ravalent au rang de privilégiés et à se colleter à la force publique. L’instinct féroce déchaîné, comme une rafale d’oranges mécaniques, surgit pour détruire, traumatiser, saccager, piller, foutre la peur à cette masse paisible des anti-CPE. Notre société n’a plus l’entrain des départs constructifs. Juste la protection d’acquis en déphasage avec l’époque épuisée par un surdéveloppement condamné.

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